Les récents déboires de Toyota n'ont pas de répercussions néfastes sur le marché des véhicules d'occasion. Du moins pour le moment.

Ce n'est pas parce que Toyota traverse une tempête que ses véhicules sont boudés à l'achat où à la revente par les marchands de véhicules d'occasion. «Cela ne nous empêche pas d'en acheter ou d'en revendre, on sait ce que vaut une Toyota. On les conseille beaucoup à nos clients dans le marché de l'usager. Habituellement, on n'a pas de problèmes de retour avec les Toyota, je ne m'inquiète pas», témoigne Jean-François Renaud, directeur général de Renaud Automobile.

 

Même observation du côté des concurrents du constructeur japonais. Directeur des ventes de véhicules d'occasion de Park Avenue Honda, à Brossard, Martin Beaulieu note qu'« encore aujourd'hui, on vend très bien les voitures Toyota, cela ne change absolument rien et ne touche aucunement nos ventes ». Honda Canada a même conseillé à ses concessionnaires de ne pas discréditer Toyota auprès de la clientèle.

 

Si un client se présente avec une Toyota, «on va reprendre la voiture au prix qu'elle vaut à ce moment-là», commente pour sa part Michelle Therrien, directrice marketing chez H. Grégoire.

 

Grain de sable

 

Un grain de sable pourrait néanmoins gripper la machine commerciale. Des clients pourraient vouloir mettre sur le marché d'occasion leur véhicule visé par les campagnes de rappel. La conséquence? Les transactions seraient retardées. Car deux choix s'offrent au marchand: soit il reprend le véhicule, mais à un prix inférieur à ce que la voiture vaudrait normalement, et c'est alors à lui d'assumer le rappel; soit il conseille à son client de revenir une fois les réparations faites. D'où le retard dans la transaction dans un cas comme dans l'autre. En somme, il n'est pas judicieux de chercher à vendre aujourd'hui à un marchand un véhicule Toyota visé par un rappel.

 

«Les gens vont attendre que le rappel soit fait, ils n'ont pas le choix, dit Jean-François Renaud. De toute façon, il n'y a pas sur la route des centaines de milliers de modèles Toyota 2009 et 2010 visés par les rappels.»

 

À ce jour, l'Association des marchands de véhicules d'occasion du Québec n'a pas enregistré de refus de reprendre des véhicules Toyota. Elle affirme que les prix de ces véhicules ne sont pas à la baisse et que leurs ventes n'ont pas fléchi depuis deux semaines. Il est en fait trop tôt pour éventuellement le constater. Les produits Toyota ont encore une bonne valeur de revente sur ce marché.

 

Celui-ci ne risque-t-il pas néanmoins d'encaisser un contrecoup à long terme? Les avis divergent. «Cela m'étonnerait que l'on boude la marque, car Toyota a pris ses responsabilités et cela va bonifier son image», pense Jean-François Cavanagh, directeur général de l'Association des marchands de véhicules d'occasion du Québec.

 

«Il n'y a pas eu de différence en deux semaines, mais cela va ralentir, je vois qu'il y a une réticence», dit Jean-François Renaud, qui redoute une augmentation des inventaires à long terme «si c'est encore médiatisé à ce point-là».

 

On apprenait le week-end dernier que le Kelley Blue Book aux États-Unis, le livre bleu des véhicules d'occasion, a dévalué certains modèles Toyota visés par le rappel de 200$ à 500$ US, soit de 1% à 2%. Faut-il y voir un signe avant coureur?