Le patron de Toyota Akio Toyoda a présenté samedi ses excuses à ses clients, après le rappel de millions de véhicules dû à un défaut de fabrication, qui a terni la réputation de fiabilité du géant automobile japonais.

«Nous sommes extrêmement navrés d'avoir causé de la gêne aux clients», a déclaré Akio Toyoda, interrogé en marge du Forum de Davos en Suisse par la chaîne de télévision japonaise NHK.

 

«Nous sommes actuellement en train d'examiner la situation et nous nous préparons à donner une explication pour apaiser les inquiétudes de nos clients aussitôt que possible», a ajouté le président du groupe japonais, qui s'exprimait pour la première fois depuis l'annonce du rappel de véhicules aux Etats-Unis le 21 janvier.

 

Toyota a précisé vendredi que jusqu'à 1,8 millions de véhicules vont être rappelés en Europe, portant à presque 8 millions le nombre de véhicules affectés dans le monde, plus que ses ventes mondiales qui ont atteint en 2009 7,8 millions de véhicules.

 

«Le nombre précis est encore en cours d'examen, mais pourrait atteindre 1,8 million de véhicules» rappelés en Europe, a indiqué le groupe dans un communiqué. Huit modèles sont concernés : AYGO, iQ, Yaris, Auris, Corolla, Verso, Avensis et RAV4.

 

Cette crise est un baptême du feu pour Akio Toyoda, qui a pris il y a moins d'un an les rênes du groupe fondé par son grand-père Kiichiro Toyoda il y a 70 ans.

 

Fils du mythique Shoichiro Toyoda qui régna sur Toyota de 1982 à 1992, Akio Toyoda était considéré depuis plusieurs années comme l'héritier naturel du fauteuil de PDG, mais la rapidité de son couronnement avait surpris.

 

Relativement jeune -- il a 53 ans -- comparé aux autres patrons japonais, ce fan de courses automobiles, qui a reçu la tache de piloter le groupe dans les remous de la crise économique, doit maintenant faire face à des problèmes de sécurité qui entachent la réputation de fiabilité de la marque.

 

Alors que Toyota a pris à General Motors la place de numéro un mondial de l'automobile en 2008, la série noire des rappels conduit des analystes à penser qu'il a sacrifié sa réputation légendaire de qualité dans sa course vers les sommets.

 

«La façon dont Toyota a géré les problèmes montre que la compagnie a peut-être fait preuve d'un excès de confiance en elle et s'est laissée aller, après avoir détrôné General Motors», estimait le quotidien Asahi dans un éditorial publié samedi.

 

Le rappel de quelque 1,8 millions de véhicules en Europe et 2,3 millions aux Etats-Unis est dû à un défaut de conception de la pédale d'accélération, qui peut rester bloquée en position enfoncée. A cela sont venus s'ajouter 270.000 rappels au Canada et 75.000 en Chine.

 

Toyota avait annoncé jeudi le rappel de 1,093 million de véhicules supplémentaires aux Etats-Unis en raison d'un autre défaut technique, un problème dans le tapis susceptible de provoquer le blocage de l'accélérateur.

 

Quelque 4,2 millions de Toyota et de Lexus avaient déjà été rappelées l'automne dernier pour régler un problème de pédale d'accélérateur qui risquait de coincer sous le tapis. 1,7 million de véhicules rappelés hors Europe seraient concernés par les deux défauts.

 

Mais Toyota n'est pas le seul constructeur japonais dont la fiabilité est désormais en cause: le deuxième constructeur nippon Honda Motor a annoncé vendredi le rappel de 646 000 voitures dans le monde, en raison d'un défaut technique affectant le système d'ouverture des vitres. Il s'agit de citadines Fit et Jazz construites entre 2002 et 2008 au Japon, en Chine, au Brésil, en Thaïlande, en malaisie et en Inde, selon Honda.