Les véhicules se ressemblent-ils tous de nos jours? Vous trouvez que la toute dernière Legacy 2,5 L et la Saturn Aura ont exactement les mêmes phares? Vous voyez dans la Genesis une grande Lexus? Il vous semble que la Forte Koup ressemble étrangement à la Honda Civic coupé? Détrompez-vous, les constructeurs ne veulent pas tous faire la même chose. Ils n'ont aucun intérêt à plagier un concurrent. Même si certains n'ont pas hésité par le passé à présenter de pâles copies de modèles-phares.

Si à l'avenir tous les constructeurs empruntent la même voie que Mitsubishi et le groupe PSA Peugeot-Citroën, la diversité en prendra un coup. De l'accord de coopération signé en septembre par les deux constructeurs est née tout récemment la C-Zero de Citroën. Une sous-compacte électrique qui a tout de la I-MIEV. Tout comme son frère, le Ion de Peugeot, la C-Zero n'a de différent que le bouclier avant, deux petits phares ronds et le logo du constructeur. Même un bigleux s'apercevrait que les trois modèles ne sont qu'une seule et même voiture.

 

Certes, la I-MIEV et la C-Zero ne seront pas côte à côte sur le même marché. Mais tout comme certains médias français, le designer montréalais Paul Deutschman estime qu'un tel choix «affaiblit la marque de commerce de Peugeot-Citroën».

 

Jeu dangereux

 

Tous les constructeurs ne vont pas jusque-là en matière de partage de technologies et de plateformes. Chacun essaie de se distinguer, avec plus ou moins de réussite, sans tomber dans le plagiat ou la pâle copie. Un constructeur peut-il d'ailleurs réellement en copier un autre?

 

«Ce n'est pas la meilleure stratégie. C'est un jeu dangereux, il vaut mieux être unique. Il est intéressant de savoir ce que l'autre va faire, mais on ne veut pas faire la même chose», répond Louis-Philippe Pratte, ancien designer chez Mazda, qui reconnaît que tous les constructeurs ne sont pas tous très inspirés et que l'identité de certains demeure floue.

 

«Il y a tellement de modèles qui se ressemblent que les lignes sont de plus en plus difficiles à protéger et à être originales», appuie Paul Deutschman.

 

 

Louis-Philippe Pratte croit que des modèles peuvent effectivement être semblables mais pas plagiés. Porte-parole de GM Canada, Robert Pagé ne se souvient pas d'avoir vu ne serait-ce qu'un seul cas flagrant en 30 ans. Honda et Daimler ne peuvent en dire autant. En 2004, le constructeur japonais a poursuivi en justice des concurrents chinois pour copie illégale du design extérieur de son CR-V. Shijiazhuang Shuanghuan Automobile voulait sortir à un prix très bas un modèle ayant une ressemblance frappante et qu'il avait osé appeler S-RV. Il y a trois ans, Daimler a contesté le projet du chinois CMEC, qui proposait une copie de la Smart deux places Fortwo en Chine, copie baptisée City Smart. Un an plus tard, Shuanghuan (encore lui) proposait à son tour un modèle semblable à la Smart, la Noble. L'une et l'autre n'ont finalement pas été commercialisées. Mais plus récemment, le chinois Geely a été soupçonné d'avoir copié la Phantom de Rolls-Royce.

 

Les constructeurs automobiles protègent systématiquement leurs créations et innovations. Comme tous les autres morceaux d'un véhicule, le design n'échappe pas au brevet. Malgré cela, si certaines copies paraissent évidentes, «il est difficile de prouver qu'il s'agit d'une copie conforme», précise JoAnne Caza, porte-parole de Mercedes-Benz Canada. Alors, adieu l'originalité?

 

«Il y a encore de la place pour l'originalité, mais les designers sont un peu timides à brasser la cage. Souvent, ils regardent ce que les grands leaders vont faire», juge Paul Deutschman.

Photo AP

Non, ce n'est pas une Phantom de Rolls Royce mais la nouvelle Geely Excellence.