Les propriétaires de Hummer sont des gens bien particuliers, mais même eux, doivent trouver très audacieux qu'une obscure firme chinoise achète leur gros buveur d'essence au look militaire.

Sichuan Tengzhong Heavy Industrial Machinery Co., à qui GM veut vendre Hummer, a été fondée il y a quatre ans et emploie 4300 personnes. La firme fabrique des remorqueuses et des camions-bétonneuses, et, selon le New York Times, du matériel de construction et entretien routiers.  

«Je n'avais jamais entendu parler de cette compagnie»  avant la transaction du Hummer, a dit Yale Zhang, qui travaille depuis des années comme analyste de l'industrie automobile pour CSM Worldwide, à Shanghai.

Le site internet de Tengzhong (qui a cessé de fonctionner dans les heures qui ont suivi l'annonce de la transaction) décrit la firme comme privée, mais cela peut vouloir dire toutes sortes de choses dans le système politico-économique chinois. Des commentaires écrits mercredi sur des blogues et des sites internet chinois demandaient si l'armée chinoise avait financé la transaction.

 

Ni GM ni Tengzhong n'a divulgué les détails financiers de la transaction, qui en est pour le moment au niveau d'une lettre d'entente. Le contrat de vente en bonne et due forme doit être signé en septembre, et est sujet à l'approbation des autorités américaines.

Beaucoup de travail pour le «Cheval brave»

 

Tengzhong a indiqué qu'elle continuera à produire le Hummer aux États-Unis. La firme chinoise a du pain sur la planche si elle espère raviver les ventes de ce véhicule connu en Chine sous le nom de Han Ma, ce qui veut dire «Cheval brave».

 

D'abord, la flambée du prix de l'essence a démoli les ventes du véhicule en forme de blockhaus, qui roule sur d'énormes pneus. L'énorme modèle H1, abandonné depuis des années par GM, pesait cinq tonnes. Même le H2, une version un peu coupée, a dû être abandonné aussi, un peu plus tard. Sa consommation d'essence n'avait plus de sens avec les nouveaux prix à la pompe. Le H3, le seul toujours en production, est ni plus ni moins qu'un gros VUS, comparable en taille -sinon en forme- à ceux de sa catégorie.

 

Ensuite, il y a un problème d'image. Les trois Hummer s'inspirent du Humvee, un véhicule militaire américain qui a remplacé la Jeep et qui s'est fait connaître durant la première guerre d'Irak, en 1991.

 

Ce n'est pas certain que les acheteurs qui carburent à l'image de ce symbole seront aussi enthousiastes si le fabricant du Hummer vient de la Chine communiste.

 

Tengzhong veut investir dans la recherche et développement afin d'amener au marché américain des versions moins gourmandes en essence du Hummer. Le président de Tengzhong, Yang Yi, a déclaré par communiqué de presse que le siège social de Hummer demeurera aux États-Unis et que la direction actuelle reste en poste.

 

Le président de Hummer, Jim Taylor, vise une «expansion mondiale agressive » et une expansion du réseau de distribution de Hummer en Chine.

 

Tengzhong n'a donné aucune autre information et ses porte-paroles n'ont pas répondu, mercredi,  aux questions sur ses projets et sur les antécédents de la compagnie.