La planète automobile vit depuis quelques semaines un thriller digne des meilleurs films à suspense de Hollywood. L'Auto a rencontré l'un des acteurs de ce feuilleton, l'italienne Fiat, par la voix de Richard Gadeselli, vice-président aux communications du Groupe Fiat, à Turin.

Q: Le mariage entre Daimler et Chrysler s'est terminé par le divorce. La nouvelle liaison entre l'italienne Fiat et l'américaine Chrysler a-t-elle plus de chances de réussir?

 

R: Dès le départ, l'intérêt de Daimler dans Chrysler nous a surpris. Daimler est essentiellement un constructeur de voitures de prestige, tandis que Chrysler produit en grande série des véhicules populaires, un créneau et une culture d'entreprise semblables à celles de Fiat. À noter aussi que Daimler a refilé à Chrysler certaines de ses anciennes technologies, notamment celles de la Mercedes Classe E de la génération précédente, tandis que Fiat a clairement l'intention de donner accès à Chrysler à ses plus récentes technologies en matière de plateformes de petites voitures et de moteurs. Enfin, le contexte économique a bien changé depuis 10 ans et le projet du Groupe Fiat s'inscrit bien dans ce contexte et dans la politique de l'administration américaine qui a pris résolument le virage de l'économie d'énergie. Et qui dit faible consommation, dit petites voitures dont Fiat est le grand spécialiste mondial depuis plus de 100 ans.

Q: Certains analystes disent depuis des années que GM est trop gros, qu'il faut réduire le nombre de divisions et de marques. Pourtant le projet du Groupe Fiat vise la création d'une méga-entreprise composée de cinq groupes (Fiat Auto, Chrysler, GM Europe, GM Amérique latine) qui comptent une dizaine de marques. Ne craignez-vous pas de créer un autre GM?

R: Le Groupe Fiat compte déjà trois marques automobiles, sans compter Maserati et Ferrari, et deux marques de véhicules commerciaux. La grande différence entre nous et GM, c'est que chacune de nos marques présente une identité qui lui est propre, le branding, comme disent les Américains. Une Fiat ne sera jamais une Alfa Romeo qui ne sera jamais une Lancia, ce qui n'est pas le cas de GM ni des autres constructeurs américains dont les marques se sont entremêlées au fil des ans. En outre, Fiat a l'habitude de gérer plusieurs marques, tout comme Volkswagen d'ailleurs (VW, Seat, Skoda, Audi, Bentley, Lamborghini).

Q: Êtes-vous surpris de constater que Fiat est peu connue en Amérique du Nord?

R: Oui, je vous l'avoue. Le Groupe Fiat compte pourtant 15 500 employés en Amérique du Nord qui travaillent dans 19 usines, notamment celles de Case New Holland, le fabricant de machines agricoles et de construction. Au Canada, l'usine CNH se trouve à Saskatoon. Et Magnetti/Marelli fournit déjà des composants électriques et électroniques à des modèles américains. Alors vous voyez, il y a déjà un peu de Fiat dans bien des voitures de chez vous. Nous espérons que cette proportion augmentera sensiblement avec l'alliance avec Chrysler.