Avant l'hiver dernier, on les appelait «quatre saisons» ou «toutes saisons», et bien des automobilistes croyaient encore qu'ils restaient efficaces 12 mois par année. En fait, l'appellation «pneu quatre saisons» est un piège: elle correspond à la réalité de Miami à New York ou de Los Angeles à Seattle, mais pas chez nous ni dans la péninsule du Michigan.

L'Auto présente encore cette année son test de pneus d'été. Comme les petites voitures, sous-compactes et compactes, sont légion au Québec, nous avons opté pour ce type de véhicule et une taille de pneus tout à fait classique, soit la dimension 185/65R15.

>>>Notre tableau

Comme d'habitude, le test a porté sur la mesure des performances courantes, c'est-à-dire: le freinage, l'aquaplanage, le confort et le silence de roulement, ainsi que l'agrément de conduite. Quant à la tenue de route, nous l'avons évaluée en combinant plusieurs tests: une série de slaloms, des changements rapides de voie (comme pour dépasser un autre véhicule ou éviter un objet) et des passages rapides en courbe. Si nous avons traités nos protagonistes en douceur, nous les avons également malmenés et conduits dans leurs derniers retranchements pour savoir ce qu'ils avaient dans la carcasse. Selon votre type de conduite ou votre budget, certains vous plairont et d'autres non. Bref, ils ont tous des qualités et des défauts. Après la lecture de ce comparatif, à vous de juger!

 

Dix présents, quelques absents

Nous avons testé 10 pneus généralement offerts dans la plupart des points de vente au Québec. Des marques bien connues comme Pirelli, Yokohama et Michelin, et d'autres, qui font un retour dans notre test comme General et Falken. Il y a aussi un petit nouveau: le Motomaster de Canadian Tire. Malheureusement, certains manufacturiers de renom ont décliné notre offre sous différents prétextes, comme l'incompatibilité de leur produit avec les pneus déjà inscrits au match ou tout simplement à cause des compressions budgétaires. Cherchez les absents et vous saurez qui a eu tort! Dans la brochette mise à l'essai, les caractéristiques varient et les puristes diront qu'on ne devrait pas comparer des produits différents. C'est pourtant à cette réalité qu'est confronté le consommateur: des codes de vitesse différents, une longévité variable et des prix à l'avenant.

Dernier conseil

En ce qui concerne les prix, demandez si la pose et l'équilibrage sont compris. Chez la plupart des revendeurs, les deux prix sont inclus alors que pour certains, la pose est comprise mais on vous facture entre 6,50$ et 12,50$ pour l'équilibrage.

Finalement, ne vous procurez pas un pneu pour le design de sa semelle ou le design de son flanc, mais pour ses qualités intrinsèques. En effet, il y a peu de mauvais pneus sur le marché. Dans les faits, ce sont plutôt des consommateurs qui font de mauvais choix.

Voici donc notre classement de pneus quatre saisons - ou devrait-on dire trois saisons?

1) Michelin HydroEdge

S'il nous avait impressionnés l'an dernier, le HydroEdge nous a encore séduit cette année. Il est le meilleur sous la pluie - d'où le «Hydro» dans son nom - et aussi le plus agréable à conduire. Sa spontanéité en virage et sa tenue de route sont surprenantes. Il faudra toutefois le dorloter si vous voulez parcourir le maximum de kilomètres annoncés (code d'usure de 800, température B et 12/32e de semelle), sinon il affichera des stigmates précoces sous la chaleur. S'il est utilisé avec finesse, il n'y a aucun doute que ce pneumatique de type touring retardera votre prochain achat de pneus de remplacement d'une année ou deux, ce qui justifie d'autant son prix.

2) Yokohama Avid H4S

Voici un manufacturier qui ne fait pas de bruit mais qui tient ses promesses. Un freinage d'urgence avec un jeu de «H4S» représente un véritable test pour votre ceinture de sécurité tellement ils s'accrochent à l'asphalte. Même s'il ne répond pas aussi vite que le HydroEdge, la tenue de route de ce pneu est supérieure à cause de sa cote de vitesse H. De plus, l'évidement latéral pour l'eau est bien sculpté. Donc si vous avez un tempérament de Lewis Hamilton, ce choix serait une valeur sûre. En retour, ne vous attendez pas à une longévité aussi intéressante.

3) Falken Ziex ZE 912

La surprise du match! Il s'agit d'un produit thaïlandais avec une semelle asymétrique qui s'impose parmi notre brochette de pneus, pour la plupart fabriqués aux États-Unis. La construction de sa carcasse s'apparente aux produits Michelin avec ses quatre larges rainures longitudinales. Ce n'est pas pour rien que Falken est une marque fétiche auprès des jeunes qui portent leur casquette avec la palette en l'envers. Ce Ziex offre des capacités étonnantes sur le bitume, tout en offrant une bonne douceur de roulement. Son principal défaut demeure sa gomme trop flexible qui aura tendance à se détériorer sous la chaleur et à voir sa durée de vie écourtée. Par contre, son prix est plus qu'alléchant et permet de faire ce compromis.

4) Michelin Primacy MXV4

Au départ, nous aurions cru que le Primacy MXV4 ferait meilleure figure et se retrouverait sur le podium... Toutefois, son flanc plutôt mou lui cause préjudice, car le pneu s'affaisse sérieusement en virage alors qu'on le voudrait plus rigide. En slalom, l'épaulement absorbe le coup, mais la semelle manque d'adhérence. Par contre, ce pneu dort littéralement sur la route et s'avère l'un des plus agréables sur la grande route. Malgré sa cote de vitesse H, il est reconnu pour sa longévité et vous donnera satisfaction pendant un bon moment. À noter que c'est le plus coûteux du match.

5) Nokian H

À cause de sa faible diffusion, le champion du pneu d'hiver demeure un petit acteur dans le créneau des «trois saisons». Mais ses produits estivaux sont de qualité, comme cette version appelée simplement «H» qui fait des merveilles au freinage et sur l'asphalte mouillé. Qui plus est, il est l'un des plus silencieux au sonomètre. Toutefois, Nokian se tire dans le pied en indiquant un code d'usure de 320. Certes, il faut savoir que ces cotes sont établies entre les produits d'un même manufacturier, qui fixe son propre point de comparaison (100), et non entre les produits réunis dans ce test. Par contre, une cote aussi basse laisse perplexe et suppose que le pneu pourrait s'user rapidement en conduite sportive.

6) Yokohama Avid TRZ

Le «Three Ride Zone» est commercialisé depuis plusieurs années et fait une belle carrière chez nous. Malgré tout, il est normal qu'il fasse moins bien que son frérot le «H4S», dont les caractéristiques sportives sont plus relevées. Par ailleurs, si le «TRZ» se décrit comme un rival du HydroEdge, il perd sa bataille dans l'eau à cause du manque d'évacuation de ses blocs latéraux. Par contre, il gagne d'emblée pour son confort optimal sur la route. Mais il s'agit d'un autre produit qu'il faudra ménager dans les virages afin de ne pas handicaper sa durabilité. Assurément, le TRZ représente l'un des meilleurs rapports qualité/prix de ce match.

7 égalité) General Altimax RT

Depuis qu'il a été repris par le manufacturier Continental, quatrième au monde, General a profité du transfert de technologie de la maison mère dans toutes ses gammes de pneus d'hiver et quatre saisons. Ainsi, cette version de l'Altimax est nettement supérieure à l'ancienne. Cependant, ce pneu souffre du syndrome de la seconde marque, c'est-à-dire que Continental se réserve la meilleure technologie et confie à General l'ancienne, au demeurant un composé de gomme moins performant. Se classant dans la moyenne dans la plupart de nos évaluations, l'Altimax est cependant le champion du petit budget et s'attirera avec raison la faveur de nombreux automobilistes.

7 égalité) Pirelli P4

Nous voici devant un cas flagrant de branding et le manufacturier italien n'est pas le seul à emprunter cette avenue. Au départ, tout semblait converger pour que ce pneu monte sur une marche du podium: une construction robuste, un design attirant, et une fiche technique relevée, dont un code d'usure de 760. Au bout du compte, cependant, son classement est décevant. Le pneu crie en virage, son adhérence latérale est moyenne et on entend un léger sifflement en roulant. Des indices qui laissent supposer que la gomme du pneu n'est pas nécessairement à point. Mais, en y regardant à deux fois, en très, très petits caractères, on peut lire sur son flanc l'inscription «Made in China». Trois mots qui résument bien la situation. Bref, ce pneu est une pâle imitation des anciens P4. Toutefois, le prix est au rendez-vous.

9) BF Goodrich Advantage T/A

Ce T/A nous a laissé carrément sur notre appétit. Et pourtant, c'est un tout nouveau produit concocté par la maison mère Michelin. En effet, n'oublions pas que BF Goodrich est la seconde marque de Bibendum. À cet égard, son rendement plaira à plusieurs conducteurs, car son roulement est doux et confortable. Cependant, dès qu'on l'inscrit rapidement en virage, son flanc s'affaisse et il devient sous-vireur comme un «XAS» d'il y a plusieurs générations. Somme toute, il est difficile de croire qu'on lui ait attribué un code de vitesse H.

10) Motomaster SE

Avant d'évaluer le SE, nous avons pris soin de laisser nos préjugés au vestiaire. Qui plus est, nous tairons le nom du grand manufacturier qui fabrique ce pneu pour CTC. En résumé, le SE a pris le dernier rang partout sauf en ce qui concerne le confort et le silence de roulement. Sa semelle est la moins profonde du lot et son code de température B a pour effet que la moindre surchauffe affectera sa durabilité. Pourtant son comportement routier est acceptable. Quant au dessin de sa semelle, il ressemble singulièrement à un pneu d'hiver et c'est probablement dans cette perspective que CTC l'a commercialisé jusqu'à l'an dernier. Toutefois, les règles du marché ont drôlement changé avec l'adoption de la nouvelle loi sur les pneus d'hiver.