Les propriétaires et amateurs de véhicules dont la conduite est à droite voient rouge. Tout véhicule de ce genre débarqué au Québec depuis le 29 avril est interdit de circulation sur la voie publique. Par arrêté ministériel, Québec a suspendu ce droit pendant six mois. Essentiellement pour des motifs de sécurité routière.

L'arrêté sera normalement abrogé le 26 octobre prochain. D'ici là, tout acheteur qui n'a pas immatriculé son véhicule de ce type avant le 29 avril ne pourra le conduire sur «les chemins publics». Tout véhicule immatriculé avant cette date est exempté de cette mesure, de même que les véhicules immatriculés à l'extérieur du Québec et les véhicules fabriqués avant le 1er janvier 1971.

 

Pour les membres de l'Association des propriétaires de véhicules importés du Québec (APVIQ), cette décision est choquante, brutale et sans fondement valable. Ils déplorent qu'elle ait été prise sans avertissement et sans consultation.

Adoptée par le ministère des Transports du Québec sur recommandation de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ), cette mesure vise particulièrement les véhicules japonais équipés d'un volant à droite et construits au tournant des années 90. Plus précisément, les voitures sportives telles que la Mitsubishi Evolution ou les Nissan Skyline et 240 SX. Ainsi que les kei trucks, ces petites camionnettes aperçues au dernier Salon de Québec. Autant de modèles inconnus de la plupart des Québécois il y a seulement quelques années.

«À la fin des années 80 et au début des années 90, les Japonais ont fabriqué des véhicules très performants avec le volant à droite, offerts seulement au Japon. Ces véhicules, comme les Nissan, ont été connus ici par la suite. Ils sont maintenant importables car ils ont plus de 15 ans. Ils sont en bon état et bon marché», explique Gaëtan Bergeron, chef du service Ingénierie des véhicules à la SAAQ.

Tout véhicule importé âgé de 15 ans et plus n'est pas soumis aux normes de sécurité de Transports Canada. Échappant à la réglementation, la conduite à droite de ces véhicules est autorisée.

«Ces véhicules sport nous préoccupent, souligne M. Bergeron. Les petits camions aussi. On en voit de plus en plus et ils n'offrent pas la sécurité des véhicules de promenade. Ils ne sont pas conformes aux normes de sécurité fédérales. Ils n'ont pas été testés.»

Durant les six mois de l'arrêté, la SAAQ veut évaluer ces véhicules et décider si leur circulation doit être autorisée, restreinte ou interdite.

Depuis ces cinq dernières années, environ 3000 véhicules de ce genre auraient fait leur apparition au Québec. Un chiffre difficilement vérifiable, puisque la déclaration de volant à droite auprès de la SAAQ n'est pas obligatoire. Néanmoins, les autorités, l'APVIQ et les détaillants observent tous un engouement pour ceux-ci. Les véhicules sport auraient la faveur des jeunes conducteurs.

Président de l'APVIQ, Martin Beauchamp estime que ces véhicules ne représentent qu'une infime minorité du parc au Québec. Il regrette que le ministère des Transports du Québec (MTQ) et la SAAQ fassent l'association performance et jeunesse au volant. Que le volant soit à droite ou à gauche, le problème est le même, selon lui. «De plus, dit-il, on vise la conduite à droite sur ces véhicules, mais on l'accepte avec les vieux véhicules. C'est contradictoire!»

À ce jour, la SAAQ ne dispose d'aucune statistique officielle complète et d'aucune étude sur la sécurité au volant de ces véhicules. Elle a comptabilisé sommairement, ces cinq dernières années, que des véhicules dont le volant est à droite ont été mentionnés dans 230 rapports d'accidents de la route et d'accrochages. Aucun accident mortel n'a été déploré. La moitié des conducteurs en cause avaient moins de 25 ans.

«Le réseau routier n'est pas fait pour un volant à droite, dit M. Bergeron. Cette conduite est plus compliquée et dangereuse, même pour un conducteur expérimenté.»

Selon les amateurs de cette conduite et de ses véhicules, cependant, les autorités se trompent de cible.