On savait déjà qu'on pourra trouver des Italiennes Fiat et Alfa Roméo sous le même toit que des Chrysler d'ici 2011. Mais une visite chez votre concessionnaire Chrysler pourrait être encore plus dépaysante, avec des suédoises, des allemandes et des anglaises!

Sergio Marchionne, l'italo-canadien à la tête de Fiat, a des projets encore plus ambitieux que reprendre Chrysler et de fabriquer et vendre en Amérique du Nord des Fiat et des Alfa-Roméo.

M. Marchionne veut transformer le monde automobile en unissant tous les produits automobiles de Fiat avec la division européenne de General Motors et Chrysler en Amérique du Nord. Ce nouveau colosse automobile mondial serait coté en Bourse en Europe.

Le patron de Fiat -né en Italie mais élevé et éduqué en Ontario- souhaite inclure dans la transaction toutes les divisions de GM Europe, soit l'allemande Opel, la britannique Vauxhall et la suédoise Saab. Avec Fiat (qui comprend Alfa Roméo) et la participation dans Chrysler de ce côté-ci de l'Atlantique, la nouvelle firme vendrait entre 6 et 7 millions de véhicules par année, et aurait des revenus annuels d'environ 80 milliards d'euros (126 milliards de dollars canadiens).

Le nouveau Super Fiat aurait environ la même taille que Volkswagen, ex-aequo au 2e rang mondial, derrière Toyota; mais il serait plus gros que Renault-Nissan et or Ford Motor et les restes de GM.

Fiat est le plus important groupe industriel d'Italie et ses activités automobiles ne sont qu'une division parmi d'autres. Pour réaliser la fusion envisagée, Fiat devrait se détacher de sa division automobile.

Le conseil d'administration de Fiat a donné à M. Marchionne le feu vert pour négocier ces transactions, hier, juste avant la rencontre de ce dernier avec le gouvernement allemand, qui aurait un rôle de prêteur important dans la transaction.

Pour réaliser son projet, Fiat sollicite des gouvernements européens des prêts qui pourraient atteindre 7 milliards d'euros (11,3 miliards de dollars canadiens), a déclaré le ministre allemand de l'Économie Karl-Theodor zu Guttenberg aux médias après sa rencontre avec M. Marchionne: «C'est une approche intéressante, il n'y pas de doute», a-t-il dit., notant cependant qu'il existe d'autres options.

La firme canadienne de composantes automobiles Magna a exprimé l'intérêt d'acheter Opel et a formé une alliance avec deux firmes russes, le constructeur automobile OAO GAZ et la banque OAO Sberbank.

Les fonds gouvernementaux Abu Dhabi Investment Council et Government of Singapore Investment Corp, de même que trois fonds d'investissements privés sont aussi intéressés, affirme l'agence Bloomberg, citant une source anonyme.

Le ministre allemand a indiqué que GM aurait aussi son mot à dire dans l'affaire.

Il n'est pas certain que GM aimerait voir ses modèles européens être fabriqués dans les usines nord-américaines de Chrysler et lui faire concurrence en Amérique du Nord. Mais ces modèeles pourraient être exclus par contrat de la production nord-américaine du nouveau Super Fiat. Par ailleurs, GM pourrait décider de conserver un pourcentage important du nouveau colosse européen. D'ailleurs, GM a détenu 20 % de Fiat jusqu'à récemment et la firme de Detroit était passé près d'acheter toutes les actions de Fiat.

Les dirigeants de GM doivent rencontrer les acheteurs potentiels d'Opel cette semaine. Opel perd de l'argent et GM veut la vendre au moins en partie pour survivre à sa propre restructuration.

M. Marchionne a déjà affirmé qu'un constructeur automobile doit fabriquer au moins 5 millions véhicules par année pour être rentable; l'an dernier, il avait déclaré que Fiat n'avait pas la taille pour survivre seul à la crise actuelle.

Son Super Fiat pourrait dégager des synergies de 1 milliard d'euros par année, mais pour ce faire, il devrait faire des coupes, ce qui ne plaira pas aux syndicats européens des firmes concernées. À elle seule, Opel emploie des dizaines de milliers de personnes en Allemagne, en Espagne, en Belgique et en Angleterre.

 

Pour réussir, M. Marchionne devrait obtenir un accord avec les syndicats et les gouvernements de ces quatre pays, en plus de ceux de la Suède (Saab) et, bien entendu, de l'Italie.

Sources: Detroit Free Press, Bloomberg, Financial Post, Automotive News Europe, Associated Press.