Malgré la situation difficile dans laquelle se retrouve le troisième constructeur automobile américain, depuis le mois de novembre, et la récente décision du fabricant d'éliminer le troisième quart de travail à son usine de montage de fourgonnette à Windsor en Ontario, le président de Chrysler Canada, Reid Bigland, ne se décourage pas pour autant.

M. Bigland prend son «carburant» dans les ventes réalisées au Canada par Chrysler au cours du mois de février, même si ces ventes représentent une diminution de 28% par rapport à la même période en 2008. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est Chrysler qui a vendu le plus de véhicules au Canada parmi les trois grands, avec 11 923 unités en février contre 11 854 pour Ford et 11 381 pour General Motors. Chrysler a même surpassé Toyota qui a vendu 9421 véhicules (-26%), et Honda avec 6912 unités (-43%).

Lors d'une entrevue exclusive accordée à Cyberpresse, M. Bigland a souligné qu'il s'agissait de la première fois de l'histoire que le fabriquant se classait premier au chapitre des ventes.«La situation économique est difficile et la crise financière frappe tous les fabricants automobiles, mais je suis confiant qu'on va réussir à passer au travers. Je suis à la fois heureux de voir nos chiffres de vente pour le mois de février et triste de constater qu'elles ont chutées de 28 % par rapport à la même période l'an dernier, mais en se comparant, on se console», a déclaré M. Bigland.

Depuis les quatre derniers mois, les ventes de Chrysler Canada ont régressé, de 10 % en novembre, de 20 % en décembre et de 25 % en janvier.

Le fond du tonneau

À la question si l'industrie automobile a atteint le fond du tonneau au Canada, le président de Chrysler se montre prudent et précise qu'il y aura encore des mois difficiles. «Le printemps est à nos portes, normalement, les ventes reprennent à l'approche de la belle saison. Mais cette année, il faudra plus que du soleil. Il est important que l'on puisse redonner aux consommateurs l'accès au financement pour l'achat ou la location d'un véhicule. Chrysler a élaboré des programmes de mise en marché dynamiques pour ses véhicules. Nous accordons des rabais avantageux à l'achat de nos produits. Nos véhicules sont bien construits, fiables et la gamme que nous proposons est variée. Mais sans possibilité de financement, le consommateur ne peut acheter une voiture neuve, d'où l'importance pour le gouvernement canadien d'accorder une ligne de crédit d'un milliard de dollars à Chrysler Financial Canada», insiste M. Bigland.Chez Chrysler, le marché de la location ne représente que 3% alors que durant la première moitié de 2008, il représentait près de 50 %. L'ensemble du marché canadien de la location est passé en un an de 40 % à 15 %.

Dans son dernier budget, le gouvernement du Canada a annoncé la mise sur pied d'un programme d'avance de fonds aux institutions financières des constructeurs automobiles de l'ordre de 12 milliards de dollars afin d'aider ces institutions à obtenir les liquidités nécessaires pour relancer l'industrie. «On avait déjà besoin de cet argent il y a deux mois, c'est maintenant que le gouvernement doit agir s'il veut sauver une industrie qui emploie des milliers de travailleurs et non pas dans deux mois», a déclaré le PDG canadien de Chrysler.

M. Bigland a reconnu que 2009 sera très difficile si les gouvernements ne s'impliquent pas. «Nous avons rationalisé notre entreprise, nous avons restructuré nos opérations. Au cours des dernières années, Chrysler a éliminer 32 000 postes en plus de fermer deux usines d'assemblages aux États-Unis ainsi que trois centres de distribution de pièces au Canada, tout cela dans le but de nous rendre plus compétitif et pour respecter nos engagements pris dans le plan de viabilité soumis au gouvernement américain en février. Nous avons fait notre part, mais on a besoin d'avoir accès au crédit. L'entreprise a reçu 4 milliards du gouvernement américain à la fin de 2008 et les gouvernements canadien et de l'Ontario ont promis une aide d'un milliard de dollars laquelle n'a toujours pas été versée.

Nouveaux véhicules

Au cours des quatre prochaines années, Chrysler entend mettre sur le marché 24 nouveaux modèles ou modèles redessinés. Si tout va bien, le constructeur mettra en service au cours de 2010 son premier véhicule à motorisation électrique.

La division Jeep du constructeur a aussi subi les contre coups de la crise financière et les ventes ont régressées. Les Wrangler, Patriot et Compass semblent mieux traverser la période de tourmente que les Commander, Liberty et Grand Cherokee, plus dispendieux et plus énergivores.

Parmi la gamme Chrysler, la mini-fourgonnette Dodge Grand Caravan est le meilleur vendeur. En février dernier, la mini-fourgonnette s'est classée au troisième rang parmi les véhicules les plus vendus et détient près de 60 % du marché de ce segment. Le Dodge Journey, lancée en 2008 est rapidement devenu le multisegment le plus vendu au Canada.

Malgré cela, Chrysler doit écouler les stocks de véhicules non vendus pour survivre. C'est pour cette raison que le constructeur automobile a décidé d'éliminer un quart de travail à son usine de Windsor. Cette décision effective en juin prochain, touchera 1200 travailleurs qui seront mis à pied pour une durée indéterminée.

Chrysler emploie au Canada quelques 9000 personnes, paye des rentes à 13 000 retraités et maintient un réseau de 450 concessionnaires d'un océan à l'autre, lesquels emploient près de 24 000 personnes.

Photo fournie par Chrysler

Le président de Chrysler Canada, Reid Bigland