À la veille de la première chute de neige annoncée, les Montréalais ont pris d'assaut les garages pour faire installer leurs pneus d'hiver.

C'était déjà la folie furieuse compte tenu de la nouvelle réglementation qui oblige les automobilistes à faire chausser leurs véhicules de pneus d'hiver avant le 15 décembre.La neige annoncée a cependant incité des gens à devancer la pose de pneus. «Je serai quand même venu cette semaine», raconte Marcel Pilon, un client rencontré au garage Alex pneu et mécanique, rue Saint-Grégoire.

Même s'il se conforme à la nouvelle Loi, le Montréalais qualifie de «stupide» l'obligation d'avoir des pneus d'hiver pour les automobilistes, comme lui, qui ne sortent pas de la ville.

Les employés fourmillaient derrière lui dans le garage, dans lequel s'élevaient jusqu'au plafond des montagnes de pneus.

«C'est malade! C'est le bordel!», s'est exclamé Savva Tsantrizos, en train de courir sous une voiture juchée sur un élévateur.

Comme ses collègues, il installe des pneus six jours par semaine, de 8h le matin à 18h. «On a 20 minutes pour manger et 5 pour griller une cigarette», résume l'employé.

«On voit tout de suite l'effet de l'annonce d'une chute de neige, puisque ça a décollé fort ce matin», a confirmé Pierre Jacques, un autre employé.

Le festival de la pause de pneus d'hiver s'étire d'ordinaire de l'action de Grâce jusqu'aux fêtes. Une période d'environ deux mois durant laquelle les garages sont débordés.

Suffit d'un coup d'oeil dans la salle d'attente bondée de chez Alex pneu et mécanique ou au comptoir, où le téléphone ne dérougit pas, pour le comprendre.

Même frénésie au Centre de mécanique et pneus Papineau, où on doit preuve de débrouillardise pour dénicher une place dans le stationnement. «Le téléphone sonne depuis ce matin. Les gens veulent soudainement prendre leurs rendez-vous», a souligné le propriétaire Daniel Delisle.

Il déplore que les gens attendent la dernière minute pour installer leurs pneus d'hiver, croyant faussement les préserver plus longtemps.

Ses vingt employés affectés à l'installation des pneus s'occupent d'environ 200 véhicules par jour en période de pointe.

Éric Cléroux et Yannick Morin, deux d'entre eux, soufflaient quelques minutes à notre passage. «Quand les gens voient de la neige, c'est la panique», admet M. Morin. «Après le passage de la cantine, on n'a pas le temps de s'asseoir pour manger», ajoute son collègue.

Contrairement aux années passées, plusieurs clients ont néanmoins commandé rapidement leurs pneus d'hiver, craignant une pénurie.

Mais une armée d'automobilistes, comme Carole Zabihaylos, attendront toujours la perspective bien réelle des premiers flocons avant d'agir. «Je suis venue dès que j'ai entendu parler de neige», avoue la montréalaise, venue récupérer sa voiture au garage de la rue Papineau.