La conduite d'un «quatre-roues» est devenue monotone? Celle d'un deux-roues, trop dangereuse? Alors trois roues devraient vous aider à retrouver les joies de la conduite.

J'ai une confidence à vous faire: j'ai toujours été un motocycliste frileux. L'état délabré de la chaussée québécoise, la pluie, le froid, voire le comportement des automobilistes alimentaient ma crainte d'enfourcher mon cheval de fer.

Ces hantises ne me tourmentaient plus depuis bientôt 11 ans, me disais-je en me dirigeant à Valcourt, il y a deux semaines, pour faire connaissance avec le Can-Am Spyder de Bombardier Produits récréatifs (BRP). Je devais le récupérer la veille, mais j'ai prétexté que je n'en avais pas le temps. En vérité, j'avais le temps. Seulement voilà, il pleuvait. Et moi, j'angoissais à l'idée de me taper plus de 200 km à ses commandes. Je suis frileux, vous dis-je.

Pourtant, l'idée de le conduire me tenaillait depuis sa sortie, il y a un an. Mon collègue Bertrand Gahel et moi avions l'idée de faire un match pour établir si l'offre de BRP allait séduire le gars «de char» ou le gars «de bicycle». Le projet est tombé à l'eau et, en mon for intérieur, j'en étais soulagé.

Depuis, Bertrand Gahel a conduit le Spyder et a raconté dans ces pages que l'expérience l'avait complètement déboussolé. Eh! bien, pas moi. À son guidon, j'ai retrouvé les joies de la motoneige... et l'équilibre qui me manquait très certainement sur deux roues.

En fait, ce tricycle représente bel et bien le pont idéal entre l'auto et la moto, rien de moins. À son guidon, mes appréhensions passées ont (presque) totalement disparu. Sa stabilité en ligne droite ne me faisait plus craindre les dépassements, la rencontre des poids lourds ou la pluie. Au bout d'une semaine, le pilotage du Spyder était devenu pour moi aussi naturel que celui d'une automobile. En fait presque, puisque la négociation des virages me posait encore un - petit - problème. En effet, contrairement à une moto, le Spyder ne se «couche» pas et nécessite seulement de tourner le guidon tout en balançant légèrement son poids dans le sens du virage, surtout lorsque celui-ci est rapide. Une fois cette notion assimilée, ne reste plus qu'à soigner la trajectoire pour la rendre plus efficace, plus fluide. J'en étais encore à cette étape après 500 km. L'important est que le Spyder autorise cette période d'apprentissage en toute sécurité puisque ses nombreuses béquilles électroniques, toutes de série, veillent au grain.

Assis bien droit sur une mécanique de 106 chevaux couplée à une boîte semi-automatique actionnée par une manette, le Spyder procure le grand frisson au pilote et à son passager.

Pas de toit, pas de pare-brise, à peine un petit saute-vent sur lequel Éole se choque bruyamment dès 70 km/h. Le moteur aussi est bruyant, et la sonorité de l'échappement n'a rien d'envoûtant non plus. Les accélérations sont plus véloces qu'elles n'en ont l'air et le Spyder met un peu moins de cinq secondes pour atteindre les 100 km/h après un départ arrêté.

Grâce à sa configuration unique, pas besoin de mettre le pied à terre au feu rouge. Ni de se procurer des fourre-tout ou un sac à dos pour emporter quelques trucs essentiels à la vie quotidienne, puisque le Spyder dispose d'un coffre suffisamment grand pour y déposer casque et combinaison imperméable.

Quelques défauts

Mais le Spyder n'a pas que des qualités. Il consomme comme une sous-compacte et son autonomie sur route est inférieure à 200 km/h, ce qui entraîne de fréquents arrêts à la station-service. En outre, il ne carbure qu'au super. Mais bonne nouvelle: un seul billet vert suffit à le rassasier.

Le Spyder force naturellement ses occupants à rouler casqués, et son pilote doit détenir un permis de moto. Cela pourrait être appelé à changer. En effet, depuis le 18 juin dernier, la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) mène un projet pilote sur le Spyder de Bombardier. Ce projet autorise 100 titulaires d'un permis de conduire de classe 5 (véhicule de promenade) à circuler sur le réseau routier québécois avec ce véhicule. Les données recueillies permettront à la Société de déterminer les règles d'utilisation de ce véhicule, les exigences en matière de formation et d'évaluation des conducteurs de même que la classe de permis requise.