Le président de la Fédération internationale de l'automobile (FIA) Max Mosley a remporté jeudi une victoire judiciaire décisive face au tabloïd News of the World, qui avait provoqué un scandale retentissant en l'accusant d'avoir participé à une «orgie nazie».

La Haute Cour de Londres a condamné le groupe de presse News Group Newspapers, qui publie cet hebdomadaire dominical, à verser 60 000 livres (120 000 dollars) au patron de la F1, une somme record dans ce genre d'affaire selon les médias britanniques.News of the World, plus fort tirage de la presse britannique, avait diffusé le 30 mars photos et vidéo d'ébats sado-masochistes entre M. Mosley, 68 ans, et cinq jeunes prostituées.

La scène, filmée en caméra cachée, le montrait se faisant dominer par des femmes revêtues du costume rayé de prisonniers ou de soldats allemands. Elles s'exprimaient en allemand, ce qui «ajoutait à l'excitation», expliquera M. Mosley lors du procès.

«Le patron de la F1 participe à une orgie nazie écoeurante avec cinq prostituées», avait titré le journal, rappelant au passage que le père de M. Mosley fut un ancien responsable du mouvement fasciste britannique des années 30.

La vidéo, diffusée sur le site Internet du journal, a été consultée à plus de 3,5 millions de reprises.

M. Mosley, qui contestait le caractère nazi de cette séance, avait attaqué le journal non pour diffamation mais pour violation de sa vie privée.

Dans son jugement, le juge David Eady a estimé que «le plaignant pouvait raisonnablement s'attendre au respect de l'intimité de ses relations sexuelles (aussi peu conventionnelles soient-elles) entre adultes consentants dans une propriété privée».

Selon lui, il n'existe «aucun élément» accréditant la connotation nazie de cette séance. Et le patron de la F1, à qui ce scandale a failli coûter son poste, «exagère à peine lorsqu'il dit que sa vie s'est effondrée» depuis cette affaire.

M. Mosley s'est immédiatement félicité de ce jugement, qui a «démonté le mensonge (sur le caractère) nazi par lequel News of the World a tenté de justifier son intrusion honteuse dans ma vie privée».

«News of the World a violé mon intimité, inventé le titre le plus agressif possible, et décidé de ne pas me contacter avant publication pour que je ne puisse pas demander l'injonction (interdisant cette publication) à laquelle j'avais droit», a-t-il déclaré dans un communiqué. «J'espère que cette affaire va dissuader les journaux britanniques de continuer ce genre de journalisme intrusif et salace».

Paradoxalement, ce procès pour violation de la vie privée a exposé au grand jour les pratiques sexuelles du patron de la F1, examinées en détail lors d'audiences publiques relayées par les médias du monde entier.

M. Mosley avait ainsi reconnu être un adepte du sado-masochisme depuis 45 ans. «Ma femme et moi sommes ensemble depuis plus de 50 ans et elle ne connaissait pas cet aspect de ma vie», avait-il assuré, évoquant l'effet «absolument catastrophique» de la vidéo, notamment sur ses enfants.

Les «amies» de M. Mosley ayant participé à la séance sado-masochiste, dans un appartement du quartier chic de Chelsea, se sont succédé à la barre pour commenter dans les détails les «fantasmes pénitentiaires» du président de la FIA. Et démentir elles aussi toute connotation nazie.

M. Mosley avait affirmé qu'il connaissait «peu de choses moins érotiques qu'un simulacre nazi». «Toute ma vie, on m'a rappelé mon passé et mes parents et c'est la dernière chose dont je souhaite me souvenir dans un contexte sexuel», avait-il expliqué.

Malgré ce scandale, le patron de la FIA avait été confirmé début juin à son poste.