Si vous n'étiez pas au Salon de l'auto de Montréal en 2004, la Cube, elle, y était. Et sa présence n'était pas fortuite: peut-être avez-vous été invité par Nissan à répondre à quelques questions sur cette étrange «boîte à roulettes».

En gros, on vous a demandé à l'époque si vous l'achèteriez. Et en majorité, vous avez répondu oui, car comment expliquer autrement la venue de la Cube ici (aux États-Unis, la question se posait moins étant donné la présence d'une autre «boîte» similaire, la Scion).

En revanche, la Cube vendue au Canada ne sera pas tout à fait celle essayée dans ces pages. Il s'agira de la troisième génération de ce modèle apparu en 1998. Et selon un porte-parole de Nissan, cette génération, comme les deux précédentes, portera bien son nom. Et quand on demande au responsable technique de Nissan, avec un soupçon d'impertinence, le coefficient de traînée aérodynamique (Cx) de la Cube actuelle, il répond sans fard: «Je n'ai pas de chiffre, mais il doit être proche de celui d'un mur de briques.»

Il est vrai que la Cube est quasiment cubique, si l'on fait abstraction de son petit capot. Une bonne raison à cela: le cube est la figure géométrique qui offre le plus grand volume utile par rapport à son encombrement extérieur. Cette prémisse a, semble-t-il, guidé les ingénieurs à l'origine ce petit véhicule qui semble tout droit sorti d'une bande dessinée. Sur son design, les avis divergent. On aime ou on rejette en bloc.

Donc, vous pouvez parier votre chèque de paie que la troisième génération, qui sera présentée en avant-première au Salon de Los Angeles l'automne prochain, fera fuir, comme ses aïeules, les amateurs de belles voitures.

Une voiture unique

Dans sa forme actuelle, la Cube ne remportera jamais de prix de beauté. Beaucoup plus court qu'une Versa (-573 millimètres), mais plus haut (-108 millimètres), ce petit engin est plus sympathique que charmeur. Utilitaire pygmée ou microvoiture dopée aux amphétamines? Peu importe. Avec sa drôle de silhouette, elle se moque des références.

Elle est (pratiquement) unique. Non conventionnelle en diable, cette Nissan est une voiture déconcertante de prime abord, mais on s'aperçoit vite qu'elle est tout à fait ingénieuse. Les Japonais l'ont depuis longtemps compris, comme en fait foi son succès commercial. La Cube est devenue un petit phénomène et pas seulement en raison d'un prix de design qu'elle a mérité il y a cinq ans. Haute et étroite, elle correspond parfaitement aux contraintes de son pays d'origine (manque d'espaces de stationnement, congestion, etc.), où elle est, comme tous les modèles à succès, massivement personnalisée à l'aide d'accessoires.

Cela dit, sa forme actuelle ne soulève peut-être pas les passions, mais elle est de tout de même susceptible d'intéresser les personnes non passionnées par l'automobile, puisqu'elle exprimera visuellement une valeur qui est tout sauf dynamique. Qui a raison et qui a tort? Le client tranchera. Mais sans doute souhaitera-t-il toujours avoir le choix. Nissan veillera à le lui laisser, puisque la Cube sera vraisemblablement commercialisée comme une variante de l'actuelle Versa, de qui elle reprend, d'ailleurs, toute l'architecture technique. Son prix, en revanche, sera plus élevé, dit-on, mais contenu sous la barre des 18 000$.

Place à la convivialité

La Cube exprime visuellement une valeur qui est tout sauf dynamique: cette valeur est même très statique! Mais à l'intérieur, elle tente visiblement de revenir à des modèles d'intelligence et de simplicité avec deux banquettes pleine largeur, comme à la belle époque, afin de favoriser une habitabilité maximum. En gros, la Cube respire la convivialité. Très modulable, elle offre un coffre à géométrie variable. On peut rabattre les sièges et ouvrir un espace pratiquement plat, que complètent plusieurs rangements. Sa hauteur sous plafond, très supérieure à la moyenne, lui permet de se transformer quasi instantanément en petit utilitaire pour emporter vélos et autres objets destinés aux activités de plein air. À l'avant comme à l'arrière, les passagers ne sont pas mal installés, même si les ajustements sont peu nombreux. Ils se plaindront surtout du manque de maintien des sièges, qui fait en sorte que dans les virages, on se plaque soit contre la portière, soit contre le voisin (ou, mieux encore, la voisine!). En position surélevée, ils permettent de profiter de la luminosité qu'offre la généreuse surface vitrée de la Cube.

Avant de prendre les commandes, souvenons-nous que la Cube vise une clientèle éprise de loisirs et en quête d'originalité. En ville, elle est fort manoeuvrable, avec son très incisif moteur de 1,5 litre et 107 chevaux. Associé à une boîte CVT, il ne demande qu'à monter dans les tours et rend la voiture d'autant plus amusante à conduire que son modeste gabarit, son rayon de braquage réduit au plus strict minimum et sa direction assistée permettent de se garer dans un trou de souris.

Sur route, cependant, les quatre petits cylindres sont vites à la peine et le font savoir un peu bruyamment. Et pour ajouter quelques décibels, le vent siffle allègrement sur les montants du pare-brise. Pour préserver un certain confort - les irrégularités du bitume génèrent toujours quelques trépidations - les éléments suspenseurs parviennent difficilement à maintenir les mouvements de caisse; et la légèreté excessive de la direction, qui a tendance à anesthésier les sensations, n'aide pas à nous donner confiance non plus lors des dépassements ou dans les virages négociés rapidement.

Le train avant est légèrement paresseux, mais en mesure de suivre le mouvement sans panique. Le freinage (à disque à l'avant et à tambour à l'arrière) remplit correctement son rôle à condition de ne pas le solliciter trop fortement, sans quoi une odeur de plaquettes brûlées flottera dans l'air.

Un accueil mitigé?

Mais ne soyons pas injustes, plusieurs défauts seront sans doute corrigés sur la Cube qui nous est destinée. D'abord, selon ce qu'il a été permis d'apprendre, Nissan retiendra pour la Cube nord-américaine le quatre cylindres 1,8 litre de la Versa. Bon point. Mais considérant les formes peu aérodynamiques de la Cube, son poids (notre fiche fait état de celui de la version japonaise) et de la consommation élevée de ce moteur comparativement aux autres moteurs de cylindrée équivalente, il y a fort à parier que la Cube aura du mal à consommer moins de 10L/100 km en utilisation normale. Mais cela n'est que spéculation à l'heure actuelle, puisque Nissan se refuse de confirmer ou d'infirmer toutes les informations relatives à ce modèle d'ici à l'automne. D'ici là, ce banc d'essai a permis de prendre le pouls de ce modèle.

Quel accueil le marché réservera-t-il à la Cube? Sans doute mitigé, car cette petite japonaise futée n'est pas très gracieuse. Peut être que la version tout électrique promise à l'horizon 2010-2011 sera mieux diffusée.

Les frais de transport et d'hébergement de ce reportage ont été payés par Nissan.