C'est avec une piété quasi filiale que la nouvelle TSX, deuxième du nom, copie les traits dominants de son aînée. Mais nous nous attendions à plus et à mieux.

Toujours déficitaire côté image, la TSX agacera encore les puristes qui, depuis son entrée en scène en 2004, ne voient en elle qu'une Accord d'apparat. Une Accord «mais d'origine européenne», a réagi la direction d'Acura qui entend, dans un avenir prochain, «prendre ses distances» face aux créations de son bailleur de fonds. Entre-temps, Acura, la marque de prestige de Honda, manque encore d'assurance et remplit avec plus ou moins de succès sa mission initiale, c'est-à-dire frayer avec l'élite automobile et susciter la convoitise des consommateurs désireux d'obtenir plus que «quatre roues et un volant».

Pour des usagers convaincus que les autos modernes offrent les mêmes performances techniques, la TSX avait des arguments à faire valoir. Acura a doté sa voiture d'un équipement digne d'elle, à condition d'y mettre le prix. En effet, contrairement à sa devancière, l'offre d'Acura se complique. Explications: à ses débuts, la TSX nous avait notamment séduits par son équipement complet et son prix unique.

Les clients pouvaient même échanger sans frais la boîte manuelle (de série) contre une boîte automatique. Aussi bien faire notre deuil de cette époque, puisque la nouvelle se décline maintenant en trois livrées (Base, Premium et Technology). Le prix d'attaque est certes plus intéressant (32 900$) que celui du modèle de l'année courante (36 200$), mais ces économies se traduisent par l'abandon de certains équipements dont les phares au xénon, le changeur de disques compacts et la sellerie de cuir, pour ne nommer que ceux-là. Donc, pas d'économies à faire avec cette nouvelle version. On n'a donc pas le choix de se tourner vers la livrée Premium (vendue au même prix que le modèle 2008) et de bénéficier des mêmes équipements; on obtiendra en prime une boussole...

Dès qu'on ouvre les portières, on ne peut faire autrement qu'éprouver des sentiments contradictoires. D'un côté, on apprécie immédiatement la qualité de fabrication irréprochable, le soin apporté aux détails. De l'autre, on se désole que les stylistes n'aient encore fait que du conventionnel. Une fois cette déception passée, on découvre une position de conduite irréprochable, des baquets joliment dessinés et une instrumentation à la fois complète et facile à consulter.

Comme c'est souvent le cas chez Acura, la mécanique séduit par son brio et sa souplesse. Moins puissant (201 par rapport à 205 chevaux), le quatre cylindres de 2,4 litres donne envie de faire grimper l'aiguille du compte-tours qui, elle, ne demande que cela. Tant mieux puisque ce ne sont pas les 8 livres-pied de couple supplémentaires qui font une différence. Surtout que la TSX pèse une cinquantaine de kilos de plus. C'est donc dire que sous les 3000 tours/minute, ce moteur peine toujours à se relancer, forçant le pilote à rétrograder d'un rapport ou deux pour maintenir le rythme. Par chance, le levier de la boîte manuelle à six rapports se laisse guider avec beaucoup d'aisance.

Sur le plan dynamique, le châssis de la TSX est habilement réglé. Sain, équilibré, prévisible: autant de qualificatifs qui collent au comportement routier de cette Acura. Si elle ne demande qu'à être emmenée à bonne allure, cette berline se garde bien de nous faire vivre pleinement les sensations qui vont avec. Mais peut-on véritablement dire qu'il s'agit là d'un défaut, dans la mesure où la tendance actuelle dans ce segment est aux berlines plus bourgeoises, plus faciles à conduire? Dans ce domaine, le dispositif de stabilité électronique fait de l'excellent travail et chaque intervention se fait avec souplesse et rapidité.

 

Pour plus d'émotions, il est toujours possible de mettre cet «ange gardien» hors d'usage en appuyant sur une touche au tableau de bord. Ce faisant, peut-être allez-vous réaliser que les pneumatiques manquent un peu de mordant dans les virages négociés rapidement, et regretter l'absence d'un rouage intégral qui ne viendra probablement jamais. D'ailleurs, même si sa direction permet de prendre les virages avec précision, elle ne transmet cependant pas d'informations qui permettraient de bien sentir l'adhérence. Par contre, la TSX vous invite parfois à vous y reprendre pour la garer en raison de son rayon de braquage plus grand que celui de certaines fourgonnettes.

Au final, Acura fabrique de bons véhicules, parfois astucieux, souvent raisonnés, mais visiblement ne sait plus les rendre aussi craquants qu'autrefois. À moins qu'une TSX type-S...