La ministre québécoise des Transports a reçu un appui de taille, le mois dernier, dans sa lutte contre la performance touts azimuts des véhicules automobiles.

Un cadre haut placé de l'Agence environnementale américaine (EPA) a effectué une sortie publique pour annoncer que l'agence entendait mettre fin à l'escalade de la puissance. Exit les sportives de 600 chevaux et les camionnettes de 400 chevaux!

Margo Oge, directrice du Bureau sur les transports et la qualité de l'air de l'Environmental Protection Agency, préférerait que l'industrie automobile se livre une lutte plus féroce du côté des véhicules plus écologiques. «Il faut mettre fin à cette escalade des chevaux-vapeur chez les constructeurs d'automobiles et la remplacer par un autre genre d'escalade, celle qui mènera à produire, chaque année, le véhicule le plus abordable, le plus désirable et le moins polluant», disait-elle en entrevue avec des médias américains, fin janvier.

Pour l'EPA, l'enjeu n'est pas qu'environnemental. C'est aussi une question qui touche profondément l'économie américaine. «L'industrie automobile pourrait mener la marche vers un avenir plus vert et reprendre la tête de la croissance économique au pays, au cours de la prochaine décennie, si elle procède à un investissement judicieux.»

Qu'ils le veuillent ou non, les constructeurs d'automobiles qui vendent leurs véhicules en Amérique du Nord n'auront pas trop le choix, puisque la norme limitant la consommation de carburant des véhicules neufs les forcera à améliorer l'efficacité énergétique de leurs produits. Leur consommation moyenne devra passer de neuf litres aux 100 kilomètres (9 l/100 km), présentement, à 6,7 l/100 km, d'ici 2020.

Margo Oge réagissait sans doute au dévoilement, le mois précédent, de nouveautés comme la Chevrolet Corvette ZR1 et la Dodge Viper SRT, de véritables bombes de plus de 600 chevaux chacune. Parions qu'elle n'aurait pas su comment réagir face à une sportive comme l'Audi R8 TDI, une sportive de 500 chevaux dont la consommation de carburant se situe à 10 l/100 km.

Un parc à chevaux

En décembre dernier, la ministre Boulet s'attaquait surtout à la publicité faite pour vanter les automobiles, qui jouent un peu trop la carte de la performance à son goût. Elle réagissait ainsi à une recommandation de la Table québécoise sur la sécurité routière, qui estime que cette publicité a un peu trop tendance à faire la promotion de «comportements à risque».

 

Elle aurait pu, elle aussi, critiquer cette spectaculaire augmentation de la puissance des moteurs automobiles, puisque ce phénomène est tout aussi frappant au Québec qu'ailleurs sur le continent. Le quotidien Le Devoir publiait récemment une étude, réalisée par le Centre d'expérimentation des véhicules électriques du Québec (CEVEQ), qui constate que depuis 10 ans, la puissance moyenne du parc automobile québécois a augmenté de 55%.

Les distances parcourues, le nombre de véhicules sur les routes, le poids et la taille de ces véhicules ont aussi tous augmenté, au fil des 10 dernières années. C'est donc dire que plutôt que d'investir dans des technologies visant à améliorer le bilan énergétique, ou mieux, écologique, de leurs produits, les constructeurs ont préféré miser sur ces traits qui, aujourd'hui, sont décriés tant par le gouvernement du Québec que l'agence environnementale américaine.

 

S'ils ne parviennent pas à respecter les nouvelles normes sur les émissions polluantes et sur la consommation, qui entreront en vigueur d'ici les 12 prochaines années, ils n'auront vraisemblablement qu'eux-mêmes à blâmer.