Aujourd'hui, un rapide décompte pendant une heure de pointe sur une grande artère moscovite ne donne plus qu'une automobile de fabrication russe sur 20.

Aujourd'hui, un rapide décompte pendant une heure de pointe sur une grande artère moscovite ne donne plus qu'une automobile de fabrication russe sur 20.

La frénésie des Russes pour les voitures occidentales et japonaises a pris une dimension insoupçonnée. Tous les grands constructeurs mondiaux sont désormais implantés à Moscou, soit directement soit via des accords de partenariat, se livrant à une concurrence féroce et reléguant les constructeurs russes, Avtovaz (Lada) et Gaz notamment, à une survie aléatoire.

Les ventes de voitures étrangères ont augmenté cette année au premier trimestre en Russie de 74% par rapport à la même période en 2006, selon les chiffres de l'Association des entrepreneurs européens en Russie (AEB).

Ford occupe la première place, suivi de General Motors (Chevrolet) et de Toyota, mais Hyundai (Corée du Sud) et Renault sont également en bonne place.

Et 2006 représentait déjà un record de vente toutes marques étrangères confondues.

Pourtant, Gaz, le plus ancien des constructeurs automobiles russes (1932), producteur de la légendaire Volga, avait tenté à la fin des années 90 de sortir du marasme qui s'annonçait et de rattraper le retard accumulé à l'époque soviétique sur les Occidentaux en signant avec Fiat un accord pour la production en commun de 150.000 modèles par an dans son fief de Nijni Novgorod (centre).

«Il n'y a pas de vraies voitures de qualité en Russie, à l'exception peut-être de la Volga que nous continuons à produire avec plus de 50.000 vendues l'année dernière», admet Vladimir Torine, un porte-parole du groupe Gaz, interrogé par l'AFP.

Avtovaz, premier constructeur russe, a de son côté tenté la restructuration et sorti de nouveaux modèles pour remplacer ses anciens numéros 6 et 7, des copies de Fiat.

Mais les sirènes occidentales alimentées par le matraquage publicitaire, notamment télévisé, la piètre renommée de la production issue de l'URSS alliée à la banalité de l'esthétique ont eu raison dans la capitale des Lada et Jigouli.

Ces voitures se trouvent à présent reléguées en province, en périphérie de la ville ou au service de la police, malgré leur coût moyen inférieur (10.000 dollars contre 15.000 pour l'équivalent étranger).

«À Moscou, les gens ont d'ailleurs plus d'argent et changent de modèle tous les trois ans, pour profiter de la garantie. Même si les modèles russes sont moins chers à l'achat et à l'entretien et qu'il faut parfois attendre plus de six mois pour acheter une Ford Focus», note Oleg, un universitaire de 28 ans qui reste attaché à sa Lada-11 «pour des raisons de coût», explique-t-il.

Les quelques Volga qui se vendent encore sont destinées à l'administration -- elles sont alors noires -- ou à quelques nostalgiques. Les vieilles Volga (Gaz-21), quant à elles, finissent leurs jours dans les cours de province ou en banlieue de Moscou, parfois amoureusement entretenues au fond d'un garage.