Plus lourde qu'une Fusion, la MKZ revendique, à mécanique égale, un poids-puissance moins avantageux. Même si la boîte automatique à six rapports fait, avec douceur, ce qu'elle peut pour lui venir en aide, le V6 de 3,5 litres nouvellement installé ne paraît guère plus énergique que son prédécesseur, malgré sa puissance accrue. D'accord, on ne l'entend guère se plaindre (bon point pour l'insonorisation de l'habitacle), mais les accélérations et les reprises gagneraient à être plus solides. Pour ajouter à cette apparente paresse, la MKZ est affublée d'une pédale d'accélérateur dont la course nous est apparue étonnamment longue et, de surcroît, difficile à moduler. Quant à la consommation (moyenne de 12,4 L/100km), elle nous apparue raisonnable, sans plus.

Tout comme la Zephyr, la MKZ s'accommode des irrégularités de la chaussée avec beaucoup d'assurance. Les plus perspicaces noteront seulement une souplesse légèrement inférieure. En revanche, sur le plan dynamique, la MKZ se révèle plus efficace. Les mouvements de caisse sont mieux contrôlés et l'assistance de la direction paraît mieux calibrée, ce qui se traduit par un «toucher de la route» plus précis; plus lourd aussi, ce qui a pour effet d'exposer le tempérament plutôt pataud de cette Lincoln dans les enchaînements à faible ou moyenne vitesse. Et disons que le diamètre de braquage est abominable pour une automobile de ce gabarit.

Plus lourde qu'une Fusion, la MKZ revendique, à mécanique égale, un poids-puissance moins avantageux. Même si la boîte automatique à six rapports fait, avec douceur, ce qu'elle peut pour lui venir en aide, le V6 de 3,5 litres nouvellement installé ne paraît guère plus énergique que son prédécesseur, malgré sa puissance accrue. D'accord, on ne l'entend guère se plaindre (bon point pour l'insonorisation de l'habitacle), mais les accélérations et les reprises gagneraient à être plus solides. Pour ajouter à cette apparente paresse, la MKZ est affublée d'une pédale d'accélérateur dont la course nous est apparue étonnamment longue et, de surcroît, difficile à moduler. Quant à la consommation (moyenne de 12,4 L/100km), elle nous apparue raisonnable, sans plus.

Globalement, les transformations apportées à la MKZ lui ont été bénéfiques. Elles devraient lui permettre de faire des gains face à des concurrentes plus coûteuses à l'achat et à l'entretien (les frais de révision sont assumés par Lincoln pour la durée de la garantie générale) et dépourvues parfois de la traction intégrale, si précieuse ici.

La transformation n'est pas seulement extérieure, mais aussi intérieure. Dès qu'on ouvre les portières, on s'étonne (certains s'émerveilleront) que chaque détail veille à transmettre de façon subtile le soin apporté à la finition. Pensons aux matériaux authentiques utilisés, tels que le bois d'érable et les surfaces en aluminium. Le volant garni de bois et de cuir, les poignées de portes chromées et le levier sélecteur en aluminium gainé de cuir comprennent tous des éléments enduits de nickel, dans les zones que touche le conducteur, afin de compléter et de faire contraste avec le bois et le cuir. Certes, une belle exécution, mais sur la voiture essayée (12 000 kilomètres au compteur) certaines garnitures révélaient déjà des signes de fatigue. Par chance, une seule visite chez le concessionnaire suffira pour tout arranger. Ce dernier ne pourra toutefois pas corriger les fautes commises sur le plan de l'ergonomie. Comme cette commande des phares plaquée dans la partie basse du tableau de bord ou encore la commande d'essuie-glace perchée sur le levier de droite, trop loin de la jante du volant. À cela, il convient d'ajouter le sens peu pratique des espaces de rangement disséminés à l'avant de l'habitacle.

La position de conduite est agréable, mais un peu plus de support au niveau des cuisses et des épaules n'aurait pas fait de mal. À l'arrière, les deux passagers (trois, c'est un peu limite) trouveront également peu à redire sur l'espace qui leur est réservé ou sur le moelleux de la banquette. Quant au coffre, il propose un volume utilitaire de 447 litres, ce qui permet de faire une grosse épicerie sans s'inquiéter. D'autant plus qu'il est possible de rabattre en tout ou en partie le dossier de la banquette et ce, même de l'intérieur du coffre à l'aide de tirettes. Bien vu.

Le dynamisme selon Lincoln

Pendant des années, Lincoln a commercialisé des automobiles dont le comportement ressemblait davantage à celui d'un paquebot qu'à celui d'une auto. La clientèle manifestait aussi plus d'intérêt pour l'épaisseur d'une moquette que pour les qualités dynamiques d'une auto. Des efforts? Il y en a eu, mais Lincoln n'a jamais véritablement donné l'impression de vouloir se débarrasser de cette image profondément ancrée dans nos souvenirs.

Construite autour de l'architecture CD3, née chez Mazda, la MKZ nous invite pourtant à laisser certains de nos préjugés au vestiaire. En fait, quelques kilomètres suffisent pour se rendre compte que si l'architecture est commune, il existe certaines différences entre la Zephyr et la MKZ. La géométrie des éléments suspenseurs, les coussinets, les amortisseurs et les ressorts, tout a été reconfiguré pour permettre à la MKZ d'afficher un comportement plus dynamique que celui de la Zephyr. Ceux qui privilégient le confort ne manqueront pas de regretter un peu la Zephyr, alors que ceux qui placent l'agrément de conduite en tête de leurs critères apprécieront les réglages apportés à la MKZ.

La filiale de luxe de Ford se cherche un peu. Beaucoup. Désespérément. Au fil des ans, elle a perdu ses repères. Une partie de sa clientèle aussi. Les orientations dictées tantôt par ses dirigeants, tantôt par ses stylistes, ont toujours été suivies sans conviction. On tâtonne; on se lance dans une direction, puis dans une autre; en gros, plus que partout ailleurs, chez Lincoln, on respire l'air du temps.

Épuisée sans doute de jouer ainsi les girouettes (on le serait à moins), la haute direction a un plan. Et cette fois, elle semble le respecter. La marque de prestige de Ford ne rêve plus de conquérir le monde, mais plutôt de se positionner comme l'unique représentante des valeurs traditionnelles américaines en matière de luxe et de raffinement.

L'arrivée de la Lincoln Zephyr, à l'automne 2005, devait justement marquer le début d'un temps nouveau pour cette marque fondée en 1921. Cette berline avait pour objectif d'attirer une clientèle plus jeune. Le modèle de 1936 y était parvenu. La nouvelle venue n'a pas réédité cet exploit. En fait, elle a failli tout gâcher. Quelques mois après sa sortie, la direction a revu son plan de match, et le nom Zephyr est retourné au musée d'où il n'aurait jamais dû sortir, au profit de MKZ (MK pour Mark). Dans la foulée, on a annoncé plusieurs révisions, dont l'implantation d'un rouage intégral et d'un nouveau moteur.

Au bout du compte, la carrière de la Zephyr n'a pas duré un an. On comprend alors mieux la déception des premiers acheteurs. Pourquoi ne pas avoir retardé la sortie de ce nouveau produit afin d'intégrer ces modifications dès le départ? Pourquoi avoir dépensé autant d'argent pour promouvoir un modèle dont le nom était appelé à disparaître à si brève échéance? Pour résumer, disons qu'il s'agit d'une erreur de jugement dont, hélas, seuls les premiers clients ont été victimes

Même si la Zephyr avait été une automobile parfaite (ce qu'elle n'est pas), il était difficile de se convaincre d'en faire l'acquisition à moins d'obtenir un prix vraiment (très) alléchant. Qu'en est-il de la MKZ? Vaut-elle ou non le détour? Disons qu'elle mérite considération. Surtout maintenant qu'elle peut compter sur un rouage intégral (un supplément de 2000$), un argument de poids face à ses principales concurrentes. Certains ergoteront que la somme exigée est assez relevée pour une Fusion enveloppée de fioritures. Mais en toute honnêteté, regardez un peu ce qui se fait ailleurs: ce n'est plus tellement le contenu, mais le contenant qui importe. Et reconnaissons dans ce contexte que les origines prolétaires de ce véhicule ont été admirablement bien masquées par les stylistes.