Pour certains automobilistes, des images de ce genre pourraient être contre-productives, selon une psychologue israélienne. Ces chauffards souffrent de «troubles de l'attachement», et la pensée de leur propre mort les pousse paradoxalement à se rassurer en conduisant de façon téméraire.

Pour certains automobilistes, des images de ce genre pourraient être contre-productives, selon une psychologue israélienne. Ces chauffards souffrent de «troubles de l'attachement», et la pensée de leur propre mort les pousse paradoxalement à se rassurer en conduisant de façon téméraire.

«En général, les gens calment l'anxiété générée par des images de mort en songeant à ceux qui les aiment, par exemple leurs parents ou leur conjoint ou leurs enfants», explique Orit Taubman, de l'Université Bar Ilan à Ramat Gan, qui a publié plusieurs études sur le sujet. «Mais certains n'ont pas pu établir de relations d'attachement sécurisantes durant leur enfance. La seule manière de calmer leur anxiété, c'est d'atteindre un sentiment d'omnipotence et d'euphorie. La conduite risquée procure ce genre d'euphorie, et elle donne une impression de compétence au chauffard. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, les conducteurs anxieux ne sont pas nécessairement les plus prudents.»

Pour vérifier son hypothèse, Mme Taubman a notamment mesuré le degré de troubles de l'attachement et les réactions face à des images de mort de 600 jeunes hommes. Les cobayes qui avaient le plus de déficits d'attachement, quand ils voyaient des images de mort, étaient beaucoup plus susceptibles de conduire de manière risquée sur un simulateur. S'ils recevaient une évaluation positive de leurs capacités de conduite après avoir vu les images de mort, par contre, ils étaient beaucoup plus calmes dans le simulateur.

Selon la psychologue israélienne, cela signifie que les attentes culturelles jouent un grand rôle dans ce type de réaction. L'effet calmant de la conduite risquée est en grande partie dû à la croyance que la dextérité au volant est particulièrement valorisée par la société. Si la conduite plus tranquille - à la «mononcle» - devient davantage valorisée, le lien entre les déficits d'attachement et la prise de risque pourrait être affaibli.

Inversement, rappeler aux jeunes conducteurs leurs lacunes d'automobilistes peut les amener à «prouver» qu'ils conduisent bien. L'intervention souhaitable pour calmer les automobilistes anxieux est donc difficile à identifier, selon Mme Taubman.

Autre preuve de l'influence de la société, selon la psychologue israélienne, la conduite des femmes ayant participé à l'étude n'était pas influencée par des images de mort, même chez celles qui avaient des déficits d'attachement. «La société (israélienne) n'accorde pas plus de reconnaissance aux femmes si elles prennent des risques, alors il ne s'agit pas d'une manière efficace de diminuer l'anxiété.