Le coup est passé bien près. Pour cette chronique, nous avions le projet de poser des questions à Jean Charest, André Boisclair et Mario Dumont. Des questions précises, pertinentes. Pas la peine, les réponses auraient été floues, avons-nous conclu avant même de les soumettre. Pourquoi ? Parce qu'il est certains que les trois chefs auraient reconnu l'importance de réduire les gaz à effet de serre, de rendre les routes plus sûres, et la circulation plus fluide. Franchement, c'est le contraire qui aurait été étonnant. L'intérêt - il y en avait un seul - aurait été de savoir comment ils comptaient s'y prendre ? En taxant encore les automobilistes ? Sans doute puisque avec les politiciens, le pire est toujours à craindre.

Le coup est passé bien près. Pour cette chronique, nous avions le projet de poser des questions à Jean Charest, André Boisclair et Mario Dumont. Des questions précises, pertinentes. Pas la peine, les réponses auraient été floues, avons-nous conclu avant même de les soumettre. Pourquoi ? Parce qu'il est certains que les trois chefs auraient reconnu l'importance de réduire les gaz à effet de serre, de rendre les routes plus sûres, et la circulation plus fluide. Franchement, c'est le contraire qui aurait été étonnant. L'intérêt - il y en avait un seul - aurait été de savoir comment ils comptaient s'y prendre ? En taxant encore les automobilistes ? Sans doute puisque avec les politiciens, le pire est toujours à craindre.

À leur décharge, dans les derniers jours d'une campagne, les candidats sont assaillis de questions. Ils ne sauraient être omniscients, avoir un avis sur tout. À choisir, mieux vaut que leurs compétences s'exercent dans d'autres domaines que l'automobile. Mais comme ils ne peuvent rester muets, ils s'en tiennent à de vagues principes qui ne fâchent personne. Ou presque. C'est dommage. Car le caractère évasif de leurs propos renforce un sentiment largement ressenti au Québec (et ailleurs au Canada) : cette fameuse séparation entre un peuple et ses élites.

C'est évident, à les écouter - les rares fois où ils évoquent le sujet- MM. Charest, Boisclair et Dumont ne roulent pas comme nous. Il serait sot de leur tenir rigueur de l'altitude où le pouvoir les tient. Mais moi, si j'étais candidat, je me dépêcherais de trouver, parmi mon bataillon de conseillers techniques, quelqu'un qui aime l'automobile. Qui ne la voit pas comme une pourvoyeuse de rentrées fiscales ou un mal nécessaire, mais partage nos menus tracas. Si j'étais candidat toujours, je rechercherais dans mon équipe la personne qui parcourt - au volant bien sûr et non assis sur la banquette arrière - 20 000 kilomètres par an sur les routes du Québec. Qui sait comment le coeur bat vite devant un radar. Qui a déjà été soumis à un contrôle d'alcoolémie lors d'un barrage routier. Qui sait combien une hausse du carburant influe sur le budget et aussi ce qu'il en coûte de remplacer une jante broyée et un pneu déchiqueté lorsque son véhicule bascule dans un nid-de-poule ? Qui réalise que la signalisation routière est déficiente (surtout près des chantiers). Et c'est à lui (ou elle) qu'incomberait de répondre aux chroniqueurs automobiles.

Mais je ne suis pas candidat.

Au moment d'écrire ces lignes, seul Mario Dumont s'est exprimé sur une question touchant l'automobile : la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ). S'il est élu, le chef adéquiste promet de suspendre les hausses annoncées par le gouvernement actuel. On s'en réjouirait certes, mais cette mesure aura inévitablement des répercussions sur le bon fonctionnement de cet organisme qui, rappelons-le, crie famine depuis quelques années déjà. Comment résoudra-t-il cette question de financement ? En sabrant dans les indemnités versées aux victimes de la route ? Ou en permettant aux automobilistes de se procurer une plaque d'immatriculation personnalisée ?

À ce stade de la campagne, aucun candidat n'a encore formulé la moindre politique à l'égard de l'automobile. Pas une seule. Et c'est bien dommage. Pas un mot sur le comportement des conducteurs ou la nécessité de parfaire leur formation. Pas un mot non plus sur des incitatifs pour rouler plus propre. Rien. Le réservoir de nos politiciens est vide. Et leurs poches aussi, semble-t-il.

Alors tout compte fait, si vous voulez acheter une voiture, ne demandez pas conseil à MM. Charest, Boisclair ou Dumont. Ce n'est pas leur truc et ce n'est pas ce qu'on attend d'un premier ministre, non plus. Mais il ne serait pas inconvenant non plus que le premier personnage de l'État sache parler voiture comme vous et moi.

Pour joindre notre chroniqueur : eric.lefrancoislapresse.ca