C'est le moment de redescendre sur terre. Mazda ralliera à sa cause les plus sportifs. Et ceux qui ont un dos solide. En revanche, la marque signe ici une voiture qui peut faire référence face à une GTI ou une Si assises sur leurs certitudes. Il faudra compter désormais avec cette rivale, d'autant plus que le prix demandé est bien étudié.

Reste maintenant à voir (et à essayer surtout) la réplique de Dodge, qui promet 300 chevaux sur sa traction Caliber SRT-4.

Est-ce bien raisonnable? Je vous le demande.

Incapable de limiter tous les effets de couple dans le volant, comme le ferait naturellement une WRX par exemple, la Mazdaspeed3 invite son pilote à doser l'accélération. Avec autant de chevaux sous le pied droit, c'est la moindre des précautions.

La commande de boîte se plie difficilement aux passages rapides. Gare à ne pas enclencher la quatrième plutôt que la sixième! En outre, l'embrayage, sur notre véhicule d'essai à tout le moins, manquait à la fois de progressivité et de légèreté. La direction très intuitive et directe épouse la prédominance du train avant, rivé au sol et obéissant aux ordres du conducteur. L'essieu arrière suit toujours et ne consent à dériver que dans les transferts de masse les plus brutaux. La Mazdaspeed fait très bien les choses mais on pense aussi à ce qu'auraient donné quatre roues motrices... Quant au freinage, assuré pour l'essentiel par de gros disques, il ne laisse aucune place à l'incertitude. Les distances d'arrêt sont courtes et la résistance à l'échauffement est bonne.

Dans l'absolu, les performances sont spectaculaires. Et les 263 chevaux aux accents bien timbrés ne manquent jamais à l'appel, à condition de ne pas se formaliser de l'effet de cisaillement du volant à l'accélération et de la rapidité avec laquelle son réservoir de 55 litres (de super!) se vide.

Accent sport

Quatre, voire cinq adultes se logeront très bien dans cette voiture. La présentation intérieure est sombre et germanique, bien que des applications argent ou carbone égaient l'ensemble. La qualité de la présentation et de la finition ne laisse pas place au doute. Les instruments sont éclairés en permanence en rouge, de même que les boutons du tableau de bord. C'est plus agréable, en tout cas, que la petite détente qu'il faut constamment actionner au moment de retirer la clé du contact. Agaçant.

Les sièges sont bien dessinés, joliment revêtus, généreusement galbés et offrent une bonne tenue. À l'arrière, les dossiers se rabattent (60/40) et font grimper la contenance du coffre à 635 l. Sous ce plancher, un plateau compartimenté accueille quelques accessoires et outils, et dissimule la roue de secours temporaire. Les réglages amples de direction et de l'ensemble du siège du conducteur s'adaptent parfaitement à toutes les morphologies.

Au chapitre des accessoires, cette Mazdaspeed ne manque de rien. Aucune option ne figure à son catalogue. Même les phares au xénon. Tout y est? Hélas non, on regrette l'absence de sièges chauffants et d'un toit ouvrant, ce dernier étant justifié par des raisons de rigidité.

Elle pourrait passer pour une 3 Sport traitée aux amphétamines et aux anabolisants. Les ailes galbées d'origine se remplissent généreusement avec ces grandes roues de 18 pouces. C'était l'occasion aussi d'augmenter la taille des freins signés, capables d'endiguer les débordements des 263 chevaux du moteur turbo Est-ce bien raisonnable ?

Spéciale, cette Mazdaspeed? Assurément : bas de caisse, becquet surplombant le hayon et spoiler béant pour avaler l'air frais nécessaire à la respiration du quatre cylindres turbocompressé. Tout y est pour vous donner l'envie de vous rendre sur un circuit

Son moteur quatre cylindres fournit 263 chevaux à 5500 tours-minute. Les motoristes de Mazda ont tout revu, des pistons aux injecteurs en passant par le vilebrequin, afin de soutirer 100 chevaux de plus à un bloc déjà reconnu pour sa robustesse. L'effet turbo se fait sentir aussi au niveau du couple, qui culmine à 280 livres-pied à 3000 tours.

Faire passer 263 chevaux sur une traction, alors que Saab parvenait difficilement à le faire, il y a quelques années, sur une 9-3 Viggen de 225 chevaux, représentait un sacré défi. L'exercice a nécessité quelques grosses retouches au châssis. Soucieux de neutraliser les effets de couple dans la direction, les ingénieurs ont installé un différentiel autobloquant similaire à celui de la RX-8. Ajoutons des ressorts plus fermes à l'avant (de 43 %) et à l'arrière (de 30 %), avec les amortisseurs adaptés à ce nouveau travail, plus des barres antiroulis plus grasses.

En conduite relaxe et sur une chaussée bien asphaltée (la suspension est si rigide!), la Mazdaspeed est plutôt plaisante à conduire et pourrait même passer pour le haut de la gamme civile des 3. Les reprises apportent ce surcroît de sensations attendues sur une sportive, avec la sécurité qui permet de dominer les aléas de la circulation. Sur les petites routes, les remontées parasites dans la direction demeurent bien présentes. Le correcteur de stabilité électronique tente tant bien que mal de protéger la 3 des écarts de trajectoire, mais on lui a visiblement mis la bride dans le but de ne pas édulcorer les sensations de conduite recherchées par la clientèle. Pour un conducteur moyen, le filet de sécurité qu'il procure est réconfortant. En revanche, à un rythme plus sportif, l'ESP se fait plus énergique voire omniprésent, et il faut se résoudre à le débrancher.