Mais personne n'est vraiment surpris.

Mais personne n'est vraiment surpris.

Car dans cette province où l'industrie automobile emploie plus de 100 000 salariés, et vaut plusieurs milliards de dollars au produit intérieur brut (PIB), on voyait venir cet échange de statut entre les deux géants.

De fait, Toyota grossit à vue d'oeil en Ontario pour soutenir la demande de ses véhicules. Elle investit plus de 1 milliard dans une deuxième usine d'assemblage et crée des emplois par centaines.

Pendant ce temps, sa rivale GM, encore le plus gros employeur de ce secteur en Ontario, inquiète de plus en plus malgré des projets de modernisation.

Il y a un mois à peine, ce sont encore 375 salariés que GM licenciait à une usine de pièces de transmission à Windsor.

Et dans son gros complexe manufacturier d'Oshawa, en périphérie est de Toronto, des centaines de salariés demeurent incertains de leur sort à moyen terme.

Les réductions de production et les mises à pied menacent encore, même après la fermeture de l'une des trois chaînes d'assemblage, l'an dernier.

Entre autres, l'une des deux chaînes survivantes de l'usine d'Oshawa assemble des camionnettes (pick-up), l'un des segments de marché en nette décroissance.

Même l'annonce récente de la production de certains modèles de camionnettes à propulsion hybride fut d'un réconfort limité.

Par ailleurs, du côté de la chaîne d'assemblage d'automobiles, on s'est enthousiasmé l'an dernier de l'obtention du mandat de production des prochains coupés sport Camaro. Mais de l'avis d'analystes, ça pourrait être un cadeau au lendemain douteux pour l'usine d'Oshawa, comme l'ont subi les ex-travailleurs de GM-Boisbriand au Québec, une usine fermée avec les Camaro précédentes.

D'une part, les Camaro sont des automobiles de spécialité dont la demande, déjà limitée, risque de pâtir du coût croissant de l'essence et de l'image dégradée des véhicules énergivores.

D'autre part, avec les rénovations qui accompagnent la venue des Camaro, la chaîne d'assemblage d'automobiles d'Oshawa est recentrée sur les véhicules à propulsion arrière.

Or, le mois dernier, Bob Lutz, vice-président de GM, confirmait à la presse d'affaires américaine que l'entreprise interrompait tout développement d'automobiles à propulsion arrière, au-delà de celles déjà annoncées.

«Une telle décision de GM nous a surpris. Ça pourrait être lourd de conséquences pour l'avenir de l'industrie en Ontario», a commenté Buzz Hargrove, président des Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA).

En effet, outre GM, deux autres gros employeurs en Ontario, Ford et DaimlerChrysler, ont chacun une usine d'assemblage spécialisée dans les automobiles à propulsion.

Toyota prospère

Pendant ce temps, la situation est tout autre chez la filiale de Toyota en Ontario. Et pas seulement pour les ventes de véhicules, encore en hausse au détriment des rivaux américains.

Sa première usine au Canada, ouverte il y a 15 ans à Cambridge en Ontario, fonctionne à plein régime pour suffire à la demande des automobiles compactes Corolla et Matrix. Ces deux automobiles ont la cote en matière de qualité, mais aussi pour la meilleure économie d'essence de leur catégorie.

Et Toyota prépare leur prochaine génération à l'usine de Cambridge, qui sera introduite avec l'année-modèle 2008.

Par ailleurs, Toyota augmente considérablement sa présence manufacturière en Ontario, avec le parachèvement d'une deuxième usine, située à Woodbridge.

Il s'agit d'un projet de 1,1 milliard qui vise l'assemblage de VUS compacts RAV4 à partir de l'an prochain, à raison de 150 000 exemplaires par année.

Pour faire fonctionner cette usine, Toyota est en train d'embaucher au moins 2000 salariés, triés sur le volet parmi plusieurs milliers de candidatures.

Aussi, des fournisseurs de pièces de Toyota s'installent à proximité en provenance du Japon, embauchant chacun quelques centaines de salariés.

Dans la région de Cambridge et de Woodstock en Ontario, située à une heure de route à l'ouest de Toronto par la 401, toute cette expansion de Toyota suscite un miniboom économique.

Tout un contraste avec l'anémie économique qui afflige la capitale traditionnelle de l'automobile en Ontario, Windsor, des suites des problèmes de Ford, DaimlerChrysler et GM.