On a beaucoup parlé de la coureuse exceptionnelle qu'était d'Émilie Mondor. Mais sur l'accident qui lui a coûté la vie en septembre dernier, presque rien. Il n'était pourtant pas banal. La jeune femme, qui ne portait pas sa ceinture de sécurité, a été éjectée de sa voiture. Elle avait 25 ans.

On a beaucoup parlé de la coureuse exceptionnelle qu'était d'Émilie Mondor. Mais sur l'accident qui lui a coûté la vie en septembre dernier, presque rien. Il n'était pourtant pas banal. La jeune femme, qui ne portait pas sa ceinture de sécurité, a été éjectée de sa voiture. Elle avait 25 ans.

Cela fait 30 ans que le port de la ceinture sur les sièges avant est obligatoire au Québec. Nous avons tous dans notre entourage un conducteur âgé qui, n'ayant jamais pu s'y habituer, fait semblant de la boucler pour éviter les amendes. Les jeunes, eux, n'ont jamais connu autre chose. Pourtant, ce sont les plus rétifs.

Ils le paient très cher. Près de la moitié des Canadiens de moins de 25 ans qui meurent sur la route ne sont pas attachés. Et ça ne s'améliore pas. Au contraire : Transports Canada a constaté une augmentation de presque un point de pourcentage depuis dix ans. Malheureusement, le cas d'Émilie Mondor est plus représentatif qu'on aurait pu le croire.

Seulement 87 % des Canadiens de moins 25 ans portent la ceinture. Et lorsqu'ils conduisent une camionnette, ils ne sont plus que 78 % ! Par comparaison, 92 % de leurs aînés respectent la consigne.

Pourquoi les jeunes ne s'attachent-ils pas ? Plusieurs explications sont possibles. D'abord ils sont plus portés à enfreindre les règles de sécurité routière. Au Québec, les moins de 25 ans reçoivent 21 % des contraventions entraînant des points d'inaptitude... même s'ils ne représentent que 11 % des conducteurs.

Et puis il y a cette culture du risque. Le refus de la ceinture est peut-être une espèce de sport extrême décaféiné, où la passivité remplace l'agilité et le dépassement de soi.

La Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) ne veut pas faire de grande campagne télévisée sur le sujet, préférant concentrer ses ressources sur la prévention de deux comportements beaucoup plus meurtriers, la vitesse et l'alcool au volant. Il serait tout de même important qu'elle s'intéresse au phénomène.

Ces moins de 25 ans, ce sont des enfants, des ados ou de jeunes adultes ? Dans le premier cas, ce sont les parents qu'il faudrait cibler. Sinon, les passagers et les conducteurs eux-mêmes. Quel que soit le cas, il y a moyen de faire de la prévention sans dépenser une fortune dans une campagne à grand déploiement.

Les parents peuvent déjà être rejoints de plusieurs façons, lors du renouvellement de leur permis de conduire ou de leurs papiers d'immatriculation, par exemple. Et les jeunes, comme on le sait, fréquentent peu les grands médias traditionnels et sont allergiques au prêchi-prêcha. Des messages originaux et intelligents, relayés par des plates-formes qu'ils fréquentent déjà - messagerie texte, Internet, etc. - auraient bien plus de portée.

Chaque année au Québec, près de 550 personnes meurent ou sont gravement blessées dans un accident de la route alors qu'elles ne portaient pas leur ceinture. Si elles avaient été attachées, la moitié auraient pu s'en tirer. Ne serait-il pas temps de le rappeler ?