Les avocats de Bill Cosby ont croisé le fer avec des procureurs, vendredi, pour empêcher les jurés au second procès du comédien d'entendre un témoignage où il reconnaît avoir drogué bon nombre de ses partenaires sexuelles.

Lors d'une audience préliminaire, le procureur public Kevin Steele a demandé au juge de permettre la lecture de ce sinistre témoignage lors du nouveau procès de l'acteur pour agression sexuelle, tout comme lors du premier procès, qui avait mené à une impasse du jury l'an dernier.

Le juge Steven O'Neill - celui-là même qui avait présidé le premier procès - a refusé de trancher à cet effet avant le début des procédures, soit au plus tôt le 9 avril.

Kevin Steele a fait valoir que le témoignage, de même que ceux de cinq autres accusatrices, permettrait de dépeindre l'accusé comme un prédateur en série. Ces femmes n'avaient pas pu être appelées à la barre lors du dernier procès.

La sélection du jury doit s'amorcer lundi, alors que Bill Cosby, aujourd'hui âgé de 80 ans, est accusé d'avoir drogué et agressé sexuellement Andrea Constand à son domicile en banlieue de Philadelphie, en 2004.

Les avocats de la défense - qui comptent caractériser la plaignante comme une menteuse motivée par l'appât du gain - avancent pour leur part que le témoignage n'est pas pertinent, en l'absence de preuve que Mme Constand était elle-même sous sédatif au moment des faits allégués.

Admettre les témoignages de M. Cosby et d'autres de ses présumées victimes serait, selon eux confondant, pour le jury.

Or, Andrea Constand affirme que celui qui incarnait le docteur Cliff Huxtable dans The Cosby Show lui a auparavant donné trois pilules bleues. Les avocats de l'acteur ont martelé que les comprimés de méthaqualone ne sont jamais de cette couleur. Bill Cosby prétend ne lui avoir donné que du Benadryl, soit un simple antihistaminique pour calmer les symptômes de rhume et d'allergies.

Alors qu'il doit soupeser des décisions qui pourraient changer le cours du procès, le juge Steven O'Neill a sermonné les avocats des deux camps vendredi en raison de déclarations qui n'ont selon lui « aucune place dans le droit ».

« Cessez de vous exprimer de manière moralisatrice et péremptoire », a-t-il lancé.

La veille, le juge avait refusé de se retirer de la cause, comme le demandaient les avocats de la défense. Ils lui reprochaient d'être partial puisque sa femme est une travailleuse sociale qui milite pour les survivantes d'agression sexuelle. Le magistrat a rétorqué que l'idée qu'il partagerait toutes les opinions de son épouse relève d'une conception dépassée du mariage.

Le magistrat devait déterminer vendredi si la défense pourra ou non appeler à la barre une personne qui soutient qu'Andrea Constand lui avait déjà parlé d'accuser faussement une célébrité.

Les déclarations liminaires et les témoignages ne devraient pas être entendus avant le 9 avril, au plus tôt.