Neuf concerts se succédaient hier à Montréal entre 11h et 18h. (Et l'on s'entêtera à répéter que la musique classique n'intéresse plus personne!) Des neuf propositions, une seule logique: l'Orchestre Métropolitain, notamment parce que l'OM et son chef Yannick Nézet-Séguin en étaient à la quatrième et dernière audition d'un même programme.

Malgré la «concurrence», l'assistance à la Maison symphonique était substantielle. Le premier sujet d'étonnement demeure cependant, et une fois de plus, l'exaltant résultat, ce que j'appellerais «le 10 sur 10, ou presque», auquel Nézet-Séguin parvient en quelques jours et au milieu d'un horaire inhumain. Il trouve même le temps de parler au public avant le concert et d'autographier ses disques après.

On note tout d'abord chez lui une concentration totale, qu'il communique à ses musiciens et, par le fait même, aux auditeurs. L'attention qui habitait hier la salle silencieuse était quasi palpable. Et, une fois de plus, cette concentration produisit des interprétations idéales, le produit d'une sorte d'«état de grâce».

La musique scandinave était le sujet à l'ordre du jour, avec en entrée cette oeuvre de Grieg pour cordes seules qu'on appelle un peu abusivement Suite Holberg. Avec ses cinq contrebasses debout au fond du plateau, ses violons de chaque côté de lui et ses violoncelles et altos devant, Nézet porte cette musique simple et touchante sur une sonorité d'une étonnante opulence et d'une absolue justesse.

Il invite ensuite l'un de ses premiers-pupitres, Patrice Richer, dans le Concerto pour trombone du Danois Launy Grøndahl. Déjà jouée au Conservatoire et chez Lavigueur, l'oeuvre comporte trois brefs mouvements et dure 13 minutes. M. Richer y afficha la technique requise et, notamment, un son précis, plein et soutenu.

Nézet mena le concert à une conclusion magistrale avec la deuxième Symphonie de Sibelius. Des sept symphonies du compositeur finlandais, c'est celle qu'on entend le plus souvent. L'OM l'avait d'ailleurs donnée au moins deux fois (en 1991 et 1992), avec d'autres chefs. Dans cette acoustique de la Maison symphonique où l'on entend absolument tout, l'OM sonnait hier, et à tous les niveaux, avec cette qualité qui le fait parfois se confondre avec son célèbre concurrent du même endroit.

D'accord, une trompette a eu un petit raté... mais la chose se produit aussi chez l'«autre». Hier, Nézet a mis en scène un Sibelius rempli d'atmosphère, de mystère aussi, riche en détails, et qui nous a tenus en haleine pendant 44 minutes. Une très longue ovation a suivi cette interprétation comme on souhaiterait en vivre plus souvent!

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ORCHESTRE MÉTROPOLITAIN. Chef d'orchestre: Yannick Nézet-Séguin. Soliste: Patrice Richer, tromboniste. Hier après-midi, Maison symphonique, Place des Arts. (Radiodiffusion: Radio-Canada, 8 déc., 20h).

Programme:

Fra Holbergs Tid (Suite Holberg), pour cordes, op. 40 (1884) - Grieg

Concerto pour trombone et orchestre (1924) - Grøndahl

Symphonie no 2, en ré majeur, op. 43 (1902) - Sibelius