L'Académie internationale de quatuor à cordes de McGill, qui entreprend sa cinquième saison, n'est pas un concours. Les jeunes ensembles venus d'un peu partout y travaillent simplement le répertoire avec des membres d'ensembles établis.

Pas de compétition, donc. Impossible, néanmoins, de ne pas établir de comparaisons et de ne pas faire de choix. Les deux quatuors entendus hier soir sont de premier ordre, cela est certain. Pourtant, le Mucha, de Slovaquie, laisse une plus forte impression que l'Excelsa, des États-Unis. Soit dit en passant, ce dernier a choisi un nom qui pourrait lui jouer de bien mauvais tours.

Quatuor slovaque

Le Mucha commence sa prestation avec un Haydn, l'op. 76 no 5, c'est-à-dire l'une des musiques les plus difficiles pour un quatuor, car tout y est à découvert. Ici, aucune bavure, un premier-violon comme bien des ensembles voudraient en compter, une précision absolue dans le Presto final pris à la vitesse vertigineuse qu'il faut. Le Largo pourrait être plus déchirant: cela viendra.

Déjà, le groupe parvient à un étonnant degré d'expression dans cet op. 44 no 2 de Mendelssohn qui en est tellement privé, et ce, en plus d'y déployer la plus extraordinaire virtuosité collective.

Quatuor américain

Entièrement féminin, l'Excelsa, qui suit après l'entracte, excelle, justement, et plutôt étrangement, dans les quelque 10 minutes du Langsamer Satz de Webern. Ce mouvement lent (comme l'indique le titre) est une pièce de jeunesse, en do mineur, où le futur compositeur si rébarbatif multiplie les indications d'expression. Le groupe américain les traduit l'une après l'autre avec le plus grand soin.

Mais il passe tout à fait à côté de la profonde signification du quatuor autobiographique de Smetana. La Polka n'a aucune légèreté et le troublant Finale ne l'est pas du tout. Le violoncelle et l'alto sont remarquables, mais non le premier-violon.

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QUATUOR MUCHA (Slovaquie): Quatuor op. 76 no 5, en ré majeur, Hob. III. 79 (1799), Haydn Quatuor op. 44 no 2, en mi mineur (1837), Mendelssohn

QUATUOR EXCELSA (États-Unis): Langsamer Satz (1905), Webern Quatuor no 1, en mi mineur (Z mého zivota) (1876), Smetana

Dans le cadre de la 5e Académie internationale de quatuor à cordes de McGill. Hier soir, salle Pollack.