L'Oratoire Saint-Joseph clôturait dimanche après-midi sa série de 10 récitals centrée sur les 10 Symphonies pour orgue de Charles-Marie Widor par un autre événement axé sur ce géant de l'orgue symphonique.

Le concert avait attiré sur les sommets plus de 1000 personnes que rien n'avait arrêtées dans leur pèlerinage: ni notre énième tempête de neige, ni l'obligation, pour toutes celles qui avaient garé leur voiture dans le stationnement surélevé (et payant), de faire à pied un grand détour sur une voie non déblayée... parce que les deux principales portes d'entrée avaient été verrouillées. 

Deux oeuvres majeures occupaient le programme, assorti d'une projection sur grand écran: la Messe à deux choeurs et deux orgues, op. 36, que Widor fit créer en 1878 à l'église Saint-Sulpice, où il était alors organiste, et la reprise de sa cinquième Symphonie, aux cinq mouvements cette fois confiés à autant d'organistes entendus précédemment dans la série.

Dans sa messe, Widor souhaitait exploiter les oppositions de masses sonores qu'offrait le vaisseau de Saint-Sulpice, l'un des plus vastes de Paris, avec Notre-Dame. Le gigantesque orgue principal et le petit orgue de choeur se répondaient, à chaque extrémité du lieu. Même contraste à la masse chorale: au grand choeur à quatre voix, formé de quelque 200 choristes du Séminaire des Sulpiciens, se greffait un petit choeur de 40 barytons de la maîtrise de l'église.

À l'Oratoire, les effectifs réunis des Petits Chanteurs du Mont-Royal et des Chantres Musiciens étaient moins nombreux (environ 150 choristes, par rapport aux 200 d'abord annoncés), mais la nature des voix était respectée: garçons pour les parties de soprano et d'alto, hommes pour le reste. Gilbert Patenaude dirigea avec sa compétence habituelle, son souci de justesse également, mais il devait composer avec l'acoustique très réverbérée du lieu. On distinguait assez bien les barytons, placés à gauche, et on entendait tout ce que projetait là-haut l'orgue principal. Hélas! la réverbération noyait les lignes de chant, les paroles aussi (faut-il le préciser!), et on entendait mal l'orgue de choeur. La même remarque s'applique aux trois motets.

Vincent Boucher et Jonathan Oldengarm, qui tenaient les deux orgues, revinrent dans la cinquième Symphonie. Boucher s'était réservé la fameuse Toccata finale et la défendit brillamment. Pierre Grandmaison apporta à l'Adagio une rare intériorité et Jean-Willy Kunz plaça le Cantabile sur un hautbois de récit bien timbré. Mais l'Allegro d'entrée de Federico Andreoni était fort banal.

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CONCERT WIDOR. Dimanche après-midi, Oratoire Saint-Joseph.