Une étoile du violoncelle s'amène à la Maison symphonique. Gautier Capuçon, 32 ans, reconnu partout pour la profondeur et la sensibilité de ses interprétations, est l'invité de l'Orchestre symphonique de Montréal (OSM) cette semaine pour deux concerts.

Joint au téléphone, le musicien parle avec enthousiasme du Concerto no 1 de Chostakovitch, une oeuvre majeure du répertoire pour violoncelle qu'il jouera pour le public montréalais.

«À l'origine, ce concerto a été écrit pour Rostropovitch, dit-il. C'est une oeuvre d'une immense intensité, qui contient du sarcasme et de l'ironie, comme c'est le cas pour toute la musique de Chostakovitch, mais aussi énormément de profondeur. Le mouvement lent exprime bien la mélancolie et la douleur qui ont traversé la vie du compositeur, persécuté par le régime de Staline. Sa vie se sent dans sa musique.»

Capuçon, qui a fait ses débuts avec l'OSM en 2011 sous la direction du chef Michel Plasson, se dirigera, après Montréal, vers New York pour une première importante: son premier concert avec le New York Philharmonic.

«J'ai fait plusieurs grands débuts américains au cours des dernières années, avec la plupart des orchestres importants. L'an dernier, c'était le Berliner Philharmoniker et l'an prochain, ce sera le Philharmonique de Vienne. Chaque année apporte de nouvelles premières. Maintenant, le luxe, c'est de pouvoir, de plus en plus, choisir mes partenaires de travail.»

Une carrière florissante pour le jeune trentenaire, qui donne quelque 130 concerts par an partout dans le monde.

«Il est vrai que ça se passe très bien pour moi, mais c'est arrivé petit à petit, dit-il. J'ai construit ma vie musicale pierre par pierre, comme une maison, sur des bases solides. J'ai eu la chance d'avoir les meilleurs professeurs au bon moment. J'ai travaillé énormément et je continue de le faire. Dans n'importe quel domaine, aussi doué que l'on soit, on ne réussit pas sans travail.»

Une histoire de famille

Né à Chambéry, dans les Alpes françaises, de parents mélomanes, mais non musiciens, il a grandi entouré de musique, alors que sa soeur aînée apprenait le piano et son frère Renaud, de cinq ans son aîné, le violon.

«Au début, mes parents m'ont donné un violon et j'en ai fait pendant un mois, mais cet épisode est complètement effacé de ma mémoire, raconte-t-il. Puis ils m'ont donné un violoncelle, et ç'a tout de suite fonctionné. À quatre ans et demi, on ne sait pas comment l'exprimer avec des mots, mais ma rencontre avec le violoncelle a été un coup de foudre. Pour moi, c'est l'instrument le plus sensuel. On l'enlace presque comme un corps, et déjà, tout petit, j'ai ressenti cette osmose avec l'instrument.»

Cette affection se perpétue aujourd'hui à travers un précieux violoncelle du luthier vénitien Matteo Goffriller datant de 1701, dont il n'a jamais fini, dit-il, de découvrir les merveilleuses possibilités.

Deux frères

Comme son frère Renaud mène également une belle carrière de violoniste, les deux Capuçon ont longtemps été indissociables dans la tête des mélomanes. Mais aujourd'hui, ils jouent davantage chacun de leur côté.

«J'ai joué énormément avec mon frère pendant 10 ans, mais nous sommes arrivés à un stade où nous avions tous les deux besoin d'avoir un peu d'espace, dit-il. Nous faisons moins de concerts ensemble depuis quelques saisons, mais ça reviendra. Il est bon de prendre des pauses.»

Le concert, intitulé L'OSM célèbre Britten, se veut également un hommage au compositeur britannique dans le cadre du centenaire de sa naissance (en 1913). On entendra donc également la suite orchestrale Four Sea Interludes et The Young Person's Guide to the Orchestra, sous la direction de Sir Andrew Davis.

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Gautier Capuçon, OSM, 15 janvier à 20h et 16 janvier à 10h30, Maison symphonique de Montréal.