Le traditionnel concert mettant en vedette le grand lauréat du Concours OSM avait attiré une salle comble à la Maison symphonique. Le héros du jour s'appelle Xiaoyu Liu, il a 15 ans et étudie le piano avec Richard Raymond. Il a joué le célèbre deuxième Concerto de Rachmaninov et, pour l'ensemble, on peut dire qu'il a bien joué. C'est-à-dire que toutes les notes y étaient - ou presque. Traverser sans réel problème, à 15 ans, cette difficile partition est déjà un accomplissement. Demain, peut-être, nous écouterons un interprète. Son rappel, une Étude-Tableau du même Rachmaninov, invite le même commentaire: du piano plutôt que de la musique.

Avant le concert, la grande patronne de l'OSM est venue dire au micro que le Concours OSM était «le plus grand concours musical du Canada». Il s'agit là d'un affront à l'endroit du Concours musical international de Montréal, affront qui se double d'une bourde puisque l'OSM est redevenu l'orchestre attitré de cette compétition de niveau mondial.

Une chose est certaine : on ne peut établir la valeur d'un concours musical par une seule prestation, fût-ce celle du grand prix, comme on l'a de nouveau constaté dans ce cas-ci. En fait, l'expression qui habitait les 37 minutes du concerto venait du chef et de l'orchestre, c'est-à-dire de l'aréopage expérimenté qui entourait le frêle adolescent. Jean-François Rivest, qui fait la navette entre l'OSM et l'OM ces temps-ci, a fait chanter les cordes et tout l'orchestre avec une telle plénitude qu'on en oubliait parfois le piano.

Les deux oeuvres qui encadraient le concerto furent les deux réussites de l'après-midi. Tout d'abord, l'une et l'autre ont trouvé l'OSM dans une forme extraordinaire. Ici, mentions toutes spéciales aux bassons, au cor-anglais et à la harpe. Sur des bases aussi solides, Rivest a pu réaliser deux interprétations personnelles et captivantes. L'Apprenti sorcier de Dukas, dont l'illustration cinématographique a initié des milliers de gens à la musique, reste une partition extrêmement brillante, pleine de mystère et d'imprévu, que Rivest a miraculeusement rafraîchie. Après l'entracte, il conféra à l'unique Symphonie de Franck une grandeur inhabituelle et quasi brucknérienne, grâce à un discours toujours soutenu, des cordes jouant à plein archet et des cuivres sombres et solennels.

ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef invité: Jean-François Rivest. Soliste: Xiaoyu Liu, pianiste. Dimanche après-midi, Maison symphonique, Place des Arts. Série «Dimanches en musique».

Programme :

L'Apprenti sorcier (1897) - Dukas

Concerto pour piano et orchestre no 2, en do mineur, op. 18 (1901) - Rachmaninov

Symphonie en ré mineur (1889) - Franck