Dans la foulée des toutes récentes Saisons de Glazounov, l'OSM donnait de nouveau dans le bucolique dimanche après-midi avec, en première moitié du programme, Winter Poems, pièce en trois parties de Glenn Buhr, compositeur de Winnipeg, et Les Nuits d'été, le célèbre recueil de six mélodies de Berlioz sur des poèmes de Théophile Gautier.

Le Britannique Bramwell Tovey, titulaire du Vancouver Symphony depuis 13 ans et de retour à l'OSM comme chef invité, ouvrait le concert avec la pièce de Buhr qu'il créa à Winnipeg en 1994. Buhr sait orchestrer (il le faut, à 58 ans!), mais sa pièce n'offre à peu près aucun intérêt musical. Elle est beaucoup trop longue (23 minutes!) et, sauf pour le vif ostinato central de 5 minutes, elle est lente, lourde et statique. Mais pas inutile pour autant: elle pourrait accompagner un beau documentaire sur les ours polaires, par exemple. Le compositeur avait fait le voyage à Montréal pour saluer chef, musiciens et auditeurs.

La populaire Measha Brueggergosman entre ensuite en scène, tout sourire, envoyant la main à des musiciens de l'OSM qu'elle reconnaît sans doute. Elle chante son Berlioz de mémoire et dans un français qui a au moins le mérite d'être appliqué, même si on ne comprend à peu près pas un mot, tout au plus quelques syllabes ici et là. Malgré de légers mais fréquents problèmes de justesse aux premières pages, la voix est belle et puissante et se maintint comme telle pendant ces 29 minutes, y compris sur la redoutable note grave facultative au mot «linceul» (où d'autres choisissent l'«ossia» élevé).

Nous n'avons pas encore parlé d'interprétation, pour la simple raison qu'il n'y en eut point. La chanteuse aborde Berlioz n'importe comment, à sa fantaisie, et avec des rubatos imprévisibles au milieu desquels le chef invité s'est débattu avec un héroïsme rare. En fait, ce qu'il y avait de plus beau à entendre dans ce Berlioz, c'était l'orchestre, dont M. Tovey fit ressortir tous les raffinements et frémissements.

L'après-entracte était occupé par les 33 minutes de la quatrième Symphonie de Vaughan Williams, une première à l'OSM pour cette musique où le chef invité se retrouve en territoire familier. Sa lecture, pourtant riche en contrastes, prend un certain temps à gagner la salle. L'attention s'éveille au long solo de flûte qui ferme le deuxième mouvement -  solo parfaitement joué par Denis Bluteau -, après quoi l'orchestre traverse avec toute la virtuosité souhaitée le Scherzo et le Finale enchaînés et pleins d'échanges rapides et violents entre les sections.

ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef invité: Bramwell Tovey. Soliste: Measha Brueggergosman, soprano. Dimanche après-midi, Maison symphonique, Place des Arts (Série «Dimanches en musique»).

Programme:

Winter Poems (1994) - Buhr

Les Nuits d'été, pour voix et orchestre, op. 7 (1834-1856) - Berlioz

Symphonie no 4, en fa mineur (1935) - Vaughan Williams