Présentement dans sa 15e saison, le Quatuor Molinari a entrepris une intégrale en concert des 15 Quatuors de Chostakovitch et espère la porter ensuite au disque.

La saison passée, un premier programme centré sur les quatre derniers quatuors (nos 12, 13, 14 et 15) avait valu au Molinari le trophée «Concert de l'année - Montréal» au palmarès des Prix Opus. Un deuxième programme, donné vendredi soir devant une salle comble au Conservatoire, réunissait les quatre quatuors précédents (nos 8, 9, 10 et 11) joués cependant dans un ordre différent, établi en fonction de leur durée.

Le Molinari n'en est pas à sa première expérience en ce domaine. Un seul exemple : le huitième Quatuor, le plus célèbre des 15, avait été joué dès 2007, mais par un Molinari qui, à l'exception de la fondatrice et premier-violon, était entièrement différent de ce qu'il est aujourd'hui.

Les Quatuors de Chostakovitch semblent d'ailleurs en passe de supplanter les Bartok au chapitre des quatuors du XXe siècle les plus fréquemment joués. C'est ainsi que le neuvième, entendu vendredi au Molinari, figure au programme du Quatuor Pacifica ce dimanche, au LMMC. Mieux encore : on vient d'apprendre que le même Pacifica reviendra en mai, cette fois pour l'intégrale des 15 au Festival de musique de chambre de Denis Brott.

Le concert de vendredi a trouvé le Molinari en très grande forme, non seulement sur le plan technique mais encore, et surtout, sur le plan de la concentration, de la pensée et de l'expression collectives. Cette musique requiert de chaque participant, comme exécutant et comme interprète, l'engagement le plus total et, partout, les membres du Molinari furent à la hauteur.

Tout serait à citer de cette prestation. Le Molinari atteignit un premier sommet d'intensité dès l'Allegretto furioso du dixième Quatuor, entendu en premier lieu. Il se surpassa à la toute fin, traversant avec une force démentielle le très long Allegro qui couronne le neuvième Quatuor. Il traduisit tout aussi pleinement la désolation du huitième Quatuor, dont trois des mouvements sont marqués Largo. Du plus faible onzième Quatuor, signalons quand même le brillant rendu des frivoles glissandos. Enfin, chacun des musiciens tira le maximum des nombreuses interventions qui lui sont confiées, l'acoustique conférant une présence toute particulière à l'alto et au violoncelle.

QUATUOR À CORDES MOLINARI - Olga Ranzenhofer et Frédéric Bednarz (violons), Frédéric Lambert (alto) et Pierre-Alain Bouvrette (violoncelle). Vendredi soir, Conservatoire de musique et d'art dramatique.

Programme consacré à Dmitri Chostakovitch :

Quatuor no 10, en la bémol majeur, op. 118 (1964)

Quatuor no 8, en do mineur, op. 110 (1960)

Quatuor no 11, en fa mineur, op. 122 (1966)

Quatuor no 9, en mi bémol majeur, op. 117 (1964)