Inaudible pour la presque totalité des quelque 6500 personnes présentes samedi soir à Lanaudière au deuxième et dernier concert du Philadelphia Orchestra, le message adressé par Charles Dutoit d'une voix très faible a été ainsi reconstitué: «Je suis revenu pour VOUS... Je suis parti un peu brusquement... En rappel, je vous laisse cette petite carte postale nostalgique...»

Et ce fut la Valse triste de Sibelius.

Il s'est passé quelque chose d'inouï ce soir-là. Mon collègue Huss, du Devoir, et moi, sans même nous voir, sommes tombés sur les mêmes mots exactement pour décrire l'atmosphère: «une infinie tendresse».

Des membres de l'administration de l'OSM assistaient aux deux concerts de leur ancien chef.

La visite du Philadelphia fut l'occasion de rencontrer le doyen de l'orchestre, Jerome Wigler, 91 ans, membre des seconds-violons et entré à l'orchestre en 1951, il y a donc 60 ans. Très solide et très lucide, il se rappelle avoir rencontré Rachmaninov en 1942 alors qu'il jouait dans l'Orchestre de Minneapolis que dirigeait Dimitri Mitropoulos.

M. Wigler a gardé un très mauvais souvenir du célèbre pianiste et compositeur. «Un homme méchant, toujours de mauvaise humeur, qui critiquait la façon de jouer de tous les musiciens. Il était venu jouer son deuxième Concerto et diriger son Île des morts. Après une répétition, je m'approchai discrètement de lui et lui demandai ce qu'il pensait de cette dernière oeuvre. "It stinks!" fut sa réponse.» Et le fameux «Philadelphia Sound»? «Une chose du passé. Aujourd'hui, le son est différent.» M. Wigler aime beaucoup Dutoit et parle déjà familièrement de «Yannick».