Une pluie abondante et prolongée accompagnait hier soir le concert dit «du printemps» qui marque traditionnellement la fin de saison du Nouvel Ensemble Moderne, le groupe fondé en 1989 par celle qui en reste l'infatigable animatrice, Lorraine Vaillancourt.

Avec l'humour dont elle est capable, madame la fondatrice, dans son mot de bienvenue au micro, alla jusqu'à suggérer de reporter ledit concert en juillet! Et «Ah! ah! ah!» de s'exclamer les quelque 125 personnes présentes.

Mme Vaillancourt annonça par ailleurs que le programme qu'on allait entendre était tout à l'opposé du temps qu'il faisait au dehors. Là, je ne suis pas d'accord.

Je respecte l'attitude de la directrice du NEM, qui aime sincèrement et passionnément cette musique d'aujourd'hui qu'elle défend avec un zèle de missionnaire. En même temps, je me réserve le droit de ne pas aimer automatiquement, comme certains, tous ses choix de programmes. Celui-ci, par exemple, constitué en majeure partie d'effets entendus à longueur de saison.

En début de concert, et pendant 17 minutes, la pièce de l'Allemand Enno Poppe fait passer du très doux au très fort une multiplicité de petits bruits lointains. Le point de départ en est, dit l'auteur, un petit orgue Hammond accordé en 32ièmes de ton (!). Dommage qu'on entende si peu le petit orgue et ce qu'on promet comme étant... 192 notes par octave.

On passe à une création de Denis Gougeon - une autre création de Denis Gougeon. Je ne me souviens de rien, sauf d'une brève incursion tonale et de l'ajout du piano. Et je n'ai rien noté sur mon programme, sauf la durée, 13 minutes, et la présence du compositeur et de sa femme chanteuse.

Mme Vaillancourt ouvre ensuite sa porte à deux Britanniques. Julian Anderson, 44 ans, qui sera compositeur invité du NEM cet été au Domaine Forget, a signé 10 minutes de ce joli tapage qui alimente à peu près tous les concerts de musique actuelle. Là encore, rien de nouveau.

L'après-entracte est réservé au pompeux Sir Harrison Birtwistle, 77 ans, et aux 28 minutes de son Secret Theatre que le NEM avait joué en 1994 et en 1998. Le titre est accrocheur, prometteur et... trompeur. Il ne se passe rien d'autre que le simple déplacement de quelques musiciens qui sortent du groupe et viennent jouer debout, à gauche. Mais les timbres des instruments ainsi rapprochés se heurtent ou se complètent d'une façon intéressante.

C'est finalement tout ce qu'on retient de ce programme que la très mince assistance a d'ailleurs très peu applaudi.

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NOUVEL ENSEMBLE MODERNE. Dir. Lorraine Vaillancourt. Hier soir, salle Claude-Champagne de l'Université de Montréal.

Programme:

Salz (2005) - Enno Poppe

Mutation
(2011) (création) - Denis Gougeon

Alhambra Fantasy
(1999-2000) - Julian Anderson

Secret Theatre
(1984) - Sir Harrison Birtwistle