Comme d'autres consacrent un Liederabend à Heine ou à Eichendorff, Marc Boucher et son pianiste Olivier Godin ont monté un programme Pierre de Ronsard groupant des mélodies d'une vingtaine de compositeurs sur des poèmes de ce gentilhomme et poète de la Renaissance et le présentaient hier après-midi, chez Turp, devant une centaine de passionnés d'art vocal rassemblés au Conservatoire.

Dire que je me suis profondément ennuyé est un euphémisme. Mais attention: je ne dirais pas que le travail de MM. Boucher et Godin a été vain, bien au contraire. Notre vie musicale peut se permettre ces fantaisies, qui ont leur utilité et leur public. Il ne faudrait d'ailleurs pas que cette aventure, qui a demandé tant de travail, soit celle d'un jour. Un enregistrement devrait la préserver.

Dans l'immédiat cependant, il faut bien reconnaître certaines choses. Les textes sont le plus souvent en vieux français et il fallait parfois aller à la traduction anglaise pour en comprendre le sens; de toute façon, certains des sujets traités sont d'une parfaite banalité.

Concernant la musique, tout ce qu'on a entendu hier est de niveau ordinaire. Mais il était intéressant de comparer cinq traitements différents du fameux Mignonne, allons voir si la rose de nos années de collège, le premier datant de l'époque de Ronsard et signé de l'obscurissime Jehan Chardavoine. Du programme entier, les seuls titres à retenir sont l'émouvante pièce de Jacques Ibert et le triptyque de Jean Rivier, bien supérieur à celui de Poulenc. Une pièce de Wagner d'abord annoncée au programme en fut retirée pour servir ensuite de rappel.

Fidèles à eux-mêmes, Boucher et Godin ont donné là une autre prestation absolument impeccable où voix, texte et piano étaient bien fondus. Une seule réserve, et elle ne les concerne pas: c'est l'acoustique de la salle de 225 places du Conservatoire. Pour l'ensemble, la voix y sonne bien, à une grave exception près: la réverbération transforme tout ce qui est chanté fortissimo en quelque chose de proprement insupportable. On l'a encore remarqué hier.

_______________________________________________________________________________

MARC BOUCHER, baryton. Au piano: Olivier Godin. Hier après-midi, Conservatoire de musique et d'art dramatique. Présentation: Société musicale André-Turp.