Sixtrum, le nouvel ensemble de percussions de l'Université de Montréal, consacrait à une seule oeuvre, Exotica, de Mauricio Kagel, son premier concert de la saison vendredi soir, salle Claude-Champagne.

Le compositeur germano-argentin étant décédé la veille du concert, à 76 ans, on s'attendait à ce que l'événement devienne une sorte d'hommage in memoriam, et d'autant plus que la salle où nous nous trouvions (nous étions environ 300) reçut à quelques reprises l'auteur lui-même et les produits de sa folle imagination.

 

Légère déception: personne n'est venu parler de Kagel, qui méritait pourtant quelques mots. Par contre, heureuse surprise de voir cet Exotica s'arrêter au bout de 54 minutes, alors qu'on l'avait annoncé comme allant durer 70 minutes, peut-être même 75.

Selon les directives de Kagel, les exécutants peuvent jouer sur n'importe quels instruments à la condition que ceux-ci ne soient pas occidentaux. Les musiciens de Sixtrum - Robert Leroux, Julien Grégoire et leurs disciples - ont donc puisé parmi les 550 instruments du Laboratoire de recherche sur les musiques du monde, établi en 1995 à l'UdM.

Dans un décor de Michel G. Barette mêlant palmier, masque vaudou et chapeaux sous des éclairages variés, les six virtuoses en queue de pie (sauf la seule femme du groupe) se sont multipliés non seulement aux tambours, gongs et cymbales mais aussi aux trompes, flûtes, guitares, etc., provenant de partout dans le monde, tout en chantant, murmurant et criant, courant parfois vers les loges latérales de la salle.

Un septième musicien s'y ajoutait : le flûtiste Guy Pelletier, qu'on n'a guère vu jouer de la flûte mais plutôt d'autres instruments, en plus de chanter lui aussi, remplaçant même un membre du groupe devenu chef d'orchestre.

Au total: 54 minutes de spectacle musical très agité, où la musique proprement dite était hélas! d'un intérêt très limité. Ces instruments sont extrêmement primitifs; les rythmes qu'on y imprime le sont aussi, bien qu'ils exigent une absolue précision. Cette précision, Sixtrum la possède au plus haut point. On regrette simplement que tant d'effort ait été déployé en pure perte, alors que ces musiciens possèdent tout ce qu'il faut pour défendre des oeuvres autrement plus valables.

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ENSEMBLE DE PERCUSSIONS SIXTRUM

Vendredi soir, salle Claude-Champagne de l'Université de Montréal.

Programme : Exotica (1971-72) - Mauricio Kagel