Kamikaze, le premier extrait de son troisième album, tourne en boucle à la radio et le chanteur donnera au moins 50 spectacles cette année.

Propulsé il y a trois ans par la chanson Mécaniques générales, tirée de l'album Le feu de chaque jour, Patrice Michaud a le vent dans les voiles. Son nouveau disque, qui sortira le 3 février, fait partie des plus attendus de la saison. Il n'est d'ailleurs pas encore sorti que Patrice Michaud a déjà 50 spectacles à son horaire en 2017, alors que sa nouvelle chanson Kamikaze s'est retrouvée cette semaine numéro un des palmarès radio.

Le chanteur originaire de Cap-Chat, en Gaspésie, en a fait du chemin depuis qu'il a participé au Festival en chanson de Petite-Vallée, en 2008. Mais ce grand garçon de nature plutôt calme ne s'énerve pas outre mesure avec les attentes. «Je suis juste content», dit-il, conscient de sa chance. «Il y en a d'autres qui travaillent fort aussi, mais pas avec la même reconnaissance. Alors je prends ça avec beaucoup d'humilité, en sachant que ça ne dure pas et qu'il faut en profiter.»

Réalisme magique

Le réalisme magique est probablement ce qui caractérise le mieux son nouveau disque, estime Patrice Michaud. «C'est un fondu démocratique entre le merveilleux et le tout à fait ordinaire. Il y a ça dans le réalisme magique: l'irruption du magnifique et de l'incroyable à même le plancher des vaches. J'ai l'impression que c'est la matière que je travaille», dit le chanteur qui a étudié en littérature à l'Université Laval et qui est venu à la chanson d'abord par les mots.

Tant musicalement que par les thèmes abordés, Patrice Michaud estime que ce troisième disque est son moins homogène. Ce qui explique son titre.

«Un almanach, c'est un mélange d'informations essentielles et d'anecdotes plus ou moins niaiseuses. »

En entrevue, Patrice Michaud est lui-même une usine à citations. Il peut parler de sa passion pour les titres - «J'adore les titres, j'ai même des listes de titres de chansons pas encore écrites» -, de son admiration pour Réjean Ducharme et des démarches qu'il a faites pour utiliser un extrait du Nez qui voque dans Kamikaze. «C'était la meilleure phrase pour clore la chanson, même si j'avais un plan B et un plan C.» De son intérêt accru pour la pop - «L'efficacité dans une chanson, la légèreté, ça demande autant d'efforts qu'une chanson où l'engagement est plus viscéral.» Ou de son désir de publier un jour un recueil de textes: «Mais il faudra une véritable direction artistique. Pas question de faire quelque chose du genre Chansons, poésie et autres retailles par Patrice Michaud...»

Ce disque réalisé par l'indispensable Philippe Brault est, selon lui, moins folk que ses deux précédents. Et son «plus risqué». «Je dis ça avec des guillemets, mais par rapport à moi, il est risqué. Le drum and bass prend plus de place, il y a des cuivres [arrangés par Antoine Gratton], il y a moins de guitare. J'avais envie de groover, mais comme les petits Blancs que nous sommes, sans me prendre pour un gars qui a signé chez Motown en 1966.»

Il propose aussi des chansons de formats différents et estime qu'il s'éloigne un peu de la chanson québécoise traditionnelle telle qu'il la pratique. Et pour la première fois, ajoute-t-il, il se sent «raccord avec son époque», en harmonie avec le nouveau mode de consommation de la musique d'aujourd'hui.

«Ce n'est pas un pain, ce disque, ce sont comme les pièces détachées d'une espèce de gros robot. Je ne dis pas que mon album ne s'écoute pas! Mais on n'a pas l'impression d'écouter un seul film, plutôt d'assister à une séance de courts métrages. »

Pourquoi faire un disque alors? «Ce sont des questions qu'on commence à se poser. Mais j'ai encore un attachement à l'ancienne manière de faire. J'aime encore beaucoup l'objet - les objets même, car on va le sortir en vinyle... et même en cassette ! Pas tant pour l'écouter que pour dire: j'ai la cassette...»

Lumière

En ce moment, le chanteur et jeune papa - il a deux enfants, de quatre ans et demi et 3 ans - se prépare à partir en tournée. La précédente, pour laquelle il a remporté le Félix du spectacle de l'année en 2015, l'a mené aux quatre coins de la province.

«On a fait 125 représentations, c'est énorme. Là je sais ce qui m'attend. Je vais mieux me préparer, et préparer le terrain familial. En fait, j'essaie de trouver un moyen pour emmener les enfants. Mais j'ai beaucoup de plaisir sur scène.»

Même si la création du disque a été plus ardue à certains moments, le résultat est tout de même à l'image du chanteur - lumineux, touchant, énergisant. «Il y a des zones où je n'étais jamais allé, sur le deuil, la perte ou les grandes solitudes envahissantes. Il y a plusieurs teintes, mais ça reste un album dynamique. Le coeur bat fort.»

De toute façon, la lumière n'est jamais loin avec lui, dont le point de vue sur la vie est plutôt positif. Bien sûr, il réussit à se mettre à la place des autres dans des chansons plus sombres. «La principale qualité dans ce métier, c'est l'empathie, dit-il. Parler de soi pendant trois disques, c'est long longtemps... Juste y penser, c'est long!» Mais une part de lui reste capable de capter le soleil où qu'il soit.

«Je suis quelqu'un qui a la lumière facile. Alors même si on ferme les volets, il y en a qui entre.»

Son actualité

> Le troisième album de Patrice Michaud, Almanach, réalisé par Philippe Brault, sera lancé le 3 février, puis le chanteur partira en tournée à la fin de ce même mois.