La même force vocale anime les nouvelles chansons de Random Recipe, mais l'instrumentation a pris du coffre. C'est le fruit de longues heures passées en studio et de nombreuses prises de bec. Un passage difficile, mais hautement réussi.

«Faire de la musique pour faire de la musique.»

Facile à dire. Parlez-en aux quatre membres de Random Recipe qui se sont pris la tête en studio.

Pour Fold It! Mold It!, premier album du quatuor, les gars se sont joints aux filles. Vincent Legault et Liu-Kong Ha ont épousé les chansons de la chanteuse Frannie Holder et de la beat-boxeuse Fab.

Le premier album était également une transposition du spectacle. Cette fois-ci, les décisions se faisaient à huit mains et à quatre têtes fortes, sous les conseils du réalisateur Philippe Brault (Pierre Lapointe, Hôtel Morphée). Random Recipe avait comme objectif d'explorer toutes les possibilités sonores du studio en faisant fi de la scène. «Penser à l'album et pas au show», résume Liu-Kong Ha.

Frannie s'est donné comme mission d'en arriver à des mélodies «plus riches». Ses acolytes et elles avaient aussi envie de «basse sale». «C'est beaucoup plus travaillé comme album, dit Vincent Legault. Nous sommes allés ailleurs dans les structures des chansons, plutôt que de seulement enchaîner des refrains et des raps.»

Lancements

Random Recipe a été souvent invité à se produire dans des lancements ou des événements spéciaux vu la formule clés en main acoustique - et même a capella - de ses chansons.

«Avec l'instrumentation qu'on avait, on se trouvait toujours à faire des premières parties, dit Vincent Legault. L'énergie était là, mais on ne pouvait pas se battre contre les sons de Radio Radio et de Misteur Valaire. On sonnait un peu pic pic... Dans notre van, on n'avait rien: plus de valises, que des instruments!»

«Musicalement, l'instrumental de nos nouvelles chansons peut exister sans les filles», renchérit Liu-Kong Ha.

L'énergie, les influences et le côté «roots» demeurent, tient à préciser Fab. «We can still do it low-ley!», lance-t-elle. «Mais imagine avec un band derrière», dit Vincent Legault.

Confiance

Frannie et Fab se font davantage confiance et échangent les rôles vocaux. «Frannie rappe plus et moi, je chante plus.» «Il y a plus d'intensité et quelque chose de plus fragile dans l'interprétation et dans les paroles, ajoute Frannie. Ça adonnait qu'on vivait tous des trucs assez intenses dans nos vies, donc il y avait le désir de transmettre une émotion assez palpable.»

En studio, il y a eu de nombreuses prises de bec et discussions. «Nous avons quatre caractères forts et on s'est beaucoup engueulés», dit Frannie. Au final, Vincent, Liu-Kong, Fab et elle sont revenus à l'essentiel. «Se battre contre l'obsession de trouver le hook et juste faire de la musique pour faire de la musique et parce qu'on aime ça... Des fois, on en vient à l'oublier.»

Résultat: Kill the Hook est un grand pas en avant par rapport à Fold It! Mold It! et toujours un mélange diablement efficace d'électro, de rock et de hip-hop. La chanson Big Girl rappelle M.I.A. Sur la mélancolique pièce Joy, Frannie chante «que le bonheur viendra un jour», alors que Hambourg est la «préférée» de Vincent Legault, avec une «mélodie groovy et une touche sixties».

Deux invités prêtent leur voix à l'album. Le rappeur de Houston Fat Tony figure sur Traffic, pièce percutante à l'atmosphère nocturne et sous haute tension. De son côté, le chanteur japonais Uhnellys, que Frannie a rencontré au club Lambi (où elle travaille derrière le bar), a collaboré par courriel à la chanson Sultan, pièce nerveuse et urgente propulsée par des arrangements de calypso et par Fab qui rappe en espagnol.

Comme quoi la recette de Random Recipe est moins arbitraire et plus cuisinée.

> Kill The Hook sera en vente mardi.