Dernière recrue de l'étiquette Audiogram, l'auteur-compositeur-interprète Alex Nevsky - qui a brillé dans plusieurs concours l'an dernier - sort mardi son premier album solo, De lune à l'aube, réalisé par son «grand frère», Yann Perreau, dont il a fait plusieurs premières parties.

De lune à l'aube, le premier album d'Alex Nevsky, le protégé de Yann Perreau, sort enfin. La rumeur est très favorable au finaliste des Francouvertes et au gagnant du prix Coup de coeur francophone, pour qui le téléphone s'est mis à sonner, l'automne dernier, après que Catherine Pogonat eut parlé de lui à Tout le monde en parle.

Avec ses cheveux longs frisés en pointe qui se terminent par des plumes et son look de voyageur bohème, Nevsky a l'air d'un gars vrai et inspiré. Qu'est-ce que ça représente d'être l'un des auteurs-compositeurs-interprètes francophones de l'heure, avec un contrat d'Audiogram dans les poches? «Habituellement, je suis laid-back, mais là je suis nerveux, confie l'artiste, rencontré cette semaine au café Byblos. Il y a une attente, c'est comme anormal... Je sens que je dois livrer. Mais c'est hors de mon contrôle. L'album est fini.»

Nevsky n'a que 24 ans. Au secondaire, il écoutait surtout le rap français des IAM et compagnie. «Je suis entré dans la chanson québécoise par Leloup, Perreau, Minière...» note-t-il.

Vers l'âge de 20 ans, il s'est mis à jouer du piano et de la guitare, seulement quelques mois avant de s'inscrire à l'École nationale de la chanson de Granby. «Je n'avais pas de plan A, ni de plan B. J'ai composé une chanson à la guitare avec deux accords et je l'ai envoyée à l'École comme démo. Je suis content qu'on ait vu mon potentiel avec cette mauvaise chanson», blague-t-il.

Dans le cadre d'un cours de gestion de carrière, Yann Perreau a donné une conférence à l'école. Il a ensuite joué de la musique avec les élèves. «Il a trippé sur ma chanson et il m'a invité à faire sa première partie à Granby», raconte Nevsky.

Quelques mois plus tard, Nevsky a obtenu une bourse du Conseil des arts et des lettres du Québec. Il a donné un coup de fil à Perreau, qui lui a proposé de travailler avec lui. En a résulté un démo de cinq chansons, qui sont parmi les douze titres de De lune à l'aube.

Pour Nevsky, Perreau est plus qu'un mentor. C'est un «grand frère» qui l'a aidé à se développer en tant que musicien, mais aussi en tant que personne. «Les conseils qu'il me donne, ça n'a pas de prix.»

«Au début, je ne faisais pas de pop. Je n'avais pas de refrain et pas de bridge, souligne Nevsky. J'avais peur de me vendre à la pop, mais Yann m'a dit: «Si au moins je peux t'éviter de faire deux albums avec des salles vides parce que t'as pas de refrain».»

Chansons roses pop et ballades mélancoliques

C'est Perreau qui a réalisé De lune à l'aube, dont le premier extrait, Notre coeur, peut faire autant penser à Malajube et Damien Robitaille, qu'à Karkwa et Yann Perreau, inévitablement. La mélodie est forte, le refrain accrocheur, les arrangements riches, avec plusieurs changements de rythme.

À la première écoute, De lune à l'aube nous apparaît comme un album «hop la vie», avec des harmonies vocales joyeuses et une touche seventies. «Mille raisons de danser parce que je suis avec elle», chante Nevsky, ou encore «Embrasse-moi, l'amour n'est pas qu'un slogan».

«Chaque chanson a son revers», indique Nevsky. C'est vrai que l'émotion est plus lourde et à fleur de peau sur Tristessa, où le chanteur «lève son verre à la tristesse» ou quand il implore sa belle de lui donner son coeur sur la belle ballade piano/voix Je ferai ce qu'il faut.

Les chansons les plus joyeuses du disque sont nées «d'une relation avec une amoureuse formidable et d'une passion brûlante, explique l'auteur-compositeur. Je me suis surpris à être naïf. Avant, je faisais surtout des chansons plus sombres. J'ai le spleen facile.»

Yann Perreau l'a aidé à assumer son côté fleur bleue et romantique. «Il m'a dit: «Man, les filles aiment ça».»

Son album étant terminé, Alex Nevsky - qui travaille avec Brigitte Poupart pour la mise en scène de son spectacle -, se concentre maintenant sur les spectacles qu'il fera cet automne. Et il se réjouit d'avoir franchi l'étape des concours. «Je n'aimais pas le feeling de la compétition. J'allais chercher de la visibilité, c'est ce dont j'avais besoin.»

Là, il est impatient d'amener ses chansons ailleurs, sur scène. «Je veux juste m'en mettre plein la gueule pendant que ça passe.»