La gagnante de Canadian Idol en 2006 revient avec un deuxième album, Give Me The Music. Ses fans de la première heure la suivront-ils?

«Ça passe ou ça casse», reconnaît Eva Avila. La pression du deuxième album, la chanteuse de 21 ans la ressent pleinement. «Pour moi, il s'agit de mon vrai premier album. Quand j'ai lancé Somewhere Else, je venais de gagner Canadian Idol et c'était la folie furieuse. J'étais consciente que ça n'allait pas durer. C'était donc encore plus important de revenir avec un disque qui montre un autre côté de moi, plus nuancé, plus mature, plus réaliste.»Eva Avila ne cache pas qu'elle a connu des périodes de doute, en cours de création de sa nouvelle galette. Mais, dans le doute, elle n'a surtout pas voulu s'abstenir, car une chose restait claire dans sa tête: son désir, son besoin de faire de la musique.

«Je sais très bien que les gens qui sont devenus des admirateurs d'Eva, à l'époque, étaient à la base des fans de Canadian Idol. Une compétition de cette envergure, si tu n'es pas prête à être catapultée dans l'industrie, ça peut ruiner toutes tes chances de faire carrière. Je dois maintenant prouver que je suis à ma place dans ce milieu, que je n'ai pas volé cette place, que je la mérite. Et ce n'est pas facile. Je ne veux pas qu'on pense que je suis juste une artiste pop «micro-ondes». Chanter, c'est vraiment ce que je veux faire comme métier depuis que j'ai fait mes débuts avec mon père, au marché By d'Ottawa, à 3 ans!»

Recul nécessaire

L'effervescence de Canadian Idol, d'un premier album enregistré dans la foulée de l'émission et d'une tournée pancanadienne retombant tranquillement, Eva Avila a éprouvé le besoin de s'éclipser de la scène. Ce recul a permis à l'interprète de retrouver ses repères. «Vivre en retrait de l'oeil public m'a fait du bien, dit-elle. J'avais besoin de faire le point, sur le plan personnel comme sur le plan professionnel.»

Pour concocter Give Me The Music, elle a travaillé avec le réalisateur Matt Wallace (Maroon 5, Chantal Kreviazuk). Elle a participé à chacune des étapes de la production de l'album, a assisté aux séances d'enregistrement des musiciens, suggérant des harmonies, allant même jusqu'à coécrire et cocomposer (Run).

À l'instar de Somewhere Else, Give Me The Music marie les multiples influences musicales de la chanteuse. Sa pop se mâtine de soul, de R&B et de Motown. Eva Avila se permet aussi de toucher à des sujets plus délicats, «qui n'auraient pas résonné en moi il y a deux ans». La jeune femme exprime clairement, sur plus d'une pièce, la force de caractère nécessaire pour parfois mettre un terme à une relation amoureuse qui n'apporte plus rien de bon, tout comme la douleur de se rendre compte qu'on s'est alors trompé.

«Quand est venu le temps de choisir les textes pour l'album, j'étais contente qu'on ne me propose pas des chansons d'amour légères comme Fallin' For You. Pas que je n'ai pas aimé la chanter, mais parce que je suis passée à autre chose. Je sais maintenant ce que c'est que d'avoir des hauts et des bas dans la vie. D'avoir de la peine et d'espérer que les choses soient différentes.»

Les quatre ballades qu'elle propose sur ce deuxième disque sont d'ailleurs plus intenses et ressenties. «C'est toute la différence entre enregistrer un disque en trois semaines et prendre le temps pour le faire, entre apprendre les paroles d'un titre par coeur parce que tu es en studio le lendemain matin, et porter tout ce matériel pendant des semaines, voire des mois, souligne-t-elle. Cette fois, j'ai pu m'approprier les chansons, les laisser vivre en moi pour vraiment les interpréter.»

Album en français

Quant à un éventuel album en français, «ça s'en vient», dit-elle. «Ça me brise le coeur de ne pas pouvoir tenir ma promesse d'offrir un disque en français aux gens. La première fois, c'était une question de temps, qui nous manquait. Cette fois, ç'a été une question de timing, Matt (Wallace) n'étant disponible pour travailler avec moi qu'à l'intérieur d'une période de temps bien précise et limitée.»

Eva Avila ne veut surtout pas bâcler l'affaire et enregistrer un album dans sa langue maternelle juste pour bien paraître. «Le jour où je sortirai un disque en français, je veux qu'il soit aussi significatif que Give Me The Music l'est aujourd'hui pour moi.»