Torontoise d'origine jamaïcaine, Divine Brown roule sa bosse sur la scène R&B en espérant qu'enfin on remarque son joli brin de voix. Trois ans après avoir connu un succès d'estime grâce à l'album Old Skool Love, la chanteuse réapparaît avec The Love Chronicles, qu'elle est venue présenter la semaine dernière.

Lancé il y a un mois, The Love Chronicles aurait dû rester un succès d'initiés, comme ce fut le cas pour Old Skool Love. Disons-le bien net, le marché canadien n'est pas exactement la terre promise de la scène R&B.

 

Rock, pop-punk, indie rock, country-pop, il y a moyen de payer son loyer avec ça. Le R&B? Bonne chance. Vaut mieux se trouver un deuxième boulot. Divine Brown, qui a aussi une formation en théâtre, a gagné sa vie en tant que choriste pour Nelly Furtado, ce qui, quand même, n'est pas trop moche.

Divine Brown pourrait bien être l'exception à la règle. Surprise, la demoiselle? Au moins autant que les gens de Warner qui ont organisé à la dernière minute l'opération promo. Car c'est au Québec que se vend le mieux The Love Chronicles, mieux encore qu'à Toronto.

«Une énorme surprise, dit Divine Brown, rencontrée dans un chic hôtel du centre-ville. J'ai toujours aimé la ville, et je suis fascinée par les langues. Le côté français, je craque. Je ne comprends que des bribes, mais d'autre part, j'apprends le portugais ces temps-ci. C'est en préparation d'un voyage au Brésil!»

Elle ira pratiquer le capoeira, raconte la chanteuse. Mais pas avant d'être allée jusqu'au bout de l'aventure The Love Chronicles, sorte d'album-concept qu'elle peaufine depuis déjà deux ans avec l'ami et coréalisateur James Bryan (ex-Philosopher Kings).

Du début à la fin

«J'aime l'idée centrale de cet album, un voyage à travers les époques musicales qu'on voudrait suivre du début à la fin, abonde-t-elle. J'ai tout supervisé: l'écriture des chansons, les arrangements, même la pochette du disque» où on voit la dame de profil sur une photo de facture classique, mais richement ornée.

L'image s'applique à sa voix, tiens. La soul et le R&B classiques deviennent son terrain de jeu privilégié. Le timbre y paraît fin et agile. De toute évidence, le charme opère: le premier extrait de l'album, Lay it On The Line, une jolie ritournelle qui évoque le vieux doo-wop/R&B, sur une rythmique claquante tout à fait moderne, chauffe les ondes radios, ici comme à Toronto.

«Je suis fière de dire que tous les réalisateurs avec qui j'ai travaillé sont canadiens, dit-elle. Ils ont réussi à mettre en musique ce que j'avais en tête: des ambiances R&B des années 50, de l'âge d'or des années 60, le soul des années 70», et même quelques incursions disco et électro-pop, pour clore l'album sur une note plus dynamique.

D'ailleurs, Divine Brown se risque même à revisiter la Sunglasses at Night de Corey Heart (intitulée Sunglasses), avec Nelly Furtado comme invitée.

«Je sens que pour réussir à rejoindre le plus de monde possible en chantant comme je le fais, je dois varier mon offre musicale. Mais tout ça me vient naturellement: je suis aussi à l'aise de chanter du jazz que de la pop ou de la soul. Et, parfois, ça fait du bien de pouvoir entendre des musiques aussi différentes, en se disant que c'est rafraîchissant. J'espère que c'est ce que les gens vont retenir de mon disque».