Fiori nous livre un nouvel album très personnel nourri de guitares, mais qui se termine par deux chansons piano-voix. Un disque dans lequel un Fiori drôle, sarcastique et fantaisiste côtoie l'auteur à fleur de peau dans de magnifiques chansons introspectives.

Le monde est virtuel

Une chanson accrocheuse à souhait, un gros clin d'oeil musical à Harmonium - les 12-cordes, le mellotron, les voix multipliées de Fiori - avec un texte où les références au monde contemporain, inspirées de phrases que Fiori écrivait sur sa page Facebook, se mêlent aux questions existentielles auxquelles nous a habitués l'artiste. Du bonbon.

Crampe au cerveau

Une charge sarcastique contre la droite. Fiori s'en prend à la mouvance Tea Party et, s'il n'a pas voulu nommer Stephen Harper, il s'est amusé à transformer en bruits de fond une partie de son discours. Au moment où on s'y attend le moins, un magnifique passage aérien enrichi d'un violoncelle rappelle que, pour son auteur, cette chanson n'est pas qu'une bonne blague.

Démanché

Un blues en crescendo entraînant nourri par le dobro et les cuivres. «La meilleure façon de se débarrasser de l'alcool, c'est d'en rire; dans Démanché, je ris de moi, explique Fiori. Moi, c'est strictement le buzz que je cherchais dans l'alcool.»

Seule

Une fort jolie ballade sur la démence et l'oubli - «J'aimerais tellement ça que tu me dises les mots qui chantent dans ton église/Qui ne parviennent jamais jusqu'à moi» - que Fiori a écrite à sa mère avec qui il a eu un rapport compliqué. La voix est proche et, tout à coup, un mantra se glisse dans la chanson avant le dernier refrain. Touchant.

Jamais

Une ballade tout en douceur sur fond de guitares acoustiques dans laquelle Fiori dialogue avec sa grande amie Monique Fauteux, la seule membre d'Harmonium avec laquelle il est demeuré en contact. Une amitié inconditionnelle pour une chanson dans laquelle il est justement question d'inconditionnel.

Le chat de gouttière

«Le chat de gouttière, c'est moi. Je suis un minou fucké», dit Fiori de ce texte qui lui a été inspiré par l'appel téléphonique d'un ami. Dix minutes plus tard, il accouchait de cette chanson légèrement bluesée à la musique enveloppante.

Laisse-moi partir

Une entrée en matière lente, très dépouillée, dans laquelle Fiori refait ses adieux à son père de sa voix la plus vulnérable. On pourrait presque parler de trois chansons en une avec le mantra introduit par le jeu rythmique de Fiori et la trompette qui s'envole par la suite. Très belle chanson.

Zéro à dix

Un amusant blues électrique dans lequel Fiori se moque gentiment de lui-même et de sa génération des années 70, «gang de hippies qui fument du fleur de lys». Un moment de fantaisie fort bienvenu après une série de chansons plus introspectives. Ludique.

Ce qui est là

Une ambiance éthérée de laquelle se détachent un piano électrique et la voix de Fiori, toujours aussi proche, qui est un instrument à part entière. Une ambiance intimiste accentuée par le feeling de cette première prise.

Si bien

Une lueur d'espoir à la fin d'un album parfois sombre. Un piano et une voix nue, émouvante, qui créent un rapport immédiat, chaleureux, avec l'auditeur avant l'arrivée progressive de cordes qui se substitueront à la voix et prendront toute la place dans l'épilogue suivant. On pense évidemment à L'heptade.

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CHANSON ROCK. Serge Fiori, Serge Fiori, Gsi Musique, En magasin mardi.