Après le monumental Monolith and Dimensions (2009) et une collaboration vertigineuse avec l'iconoclaste Scott Walker (2014), Sunn O))) propose ici trois fresques de distorsion: 12: 41, 8: 59 et 11: 19. Motifs construits sur des charpentes extrêmement simples, répétés à la manière de mantras sur des tempos lents, voire très lents.

Les harmoniques graves et aigus sont en fusion, les coulées de fréquences saturées se fondent dans les grommellements d'outre-tombe et litanies récitées par Attila Csihar.

Aussi curieux que cela puisse paraître, ces effets de bourdon s'inspirent de traditions musicales et concepts spirituels de l'Inde et de l'Extrême-Orient.

Dans la mystique bouddhiste, Kannon est une variante japonaise (et féminine) du Bodhisattva Avalokiteshvara, soit le «seigneur qui observe» et «qui considère les sons du monde».

Ainsi, «celle qui entend les cris du monde» pourrait considérer ce maelstrom comme nourrissant et positif. C'est du moins ce que suggèrent les musiciens de Sunn O))), sans prétendre pour autant à quelque profession de foi.

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DRONE/DOOM METAL. Kannon. Sunn O))). Southern Lord/Sunn 50.