Puisant dans l’immortel répertoire d’Antônio Carlos Jobim, Florence K chante son amour pour la musique brésilienne sur un disque d’un classicisme doucereux.

L’affection de Florence K pour la musique brésilienne, en particulier pour celle d’Antônio Carlos Jobim, date du cégep. Jusqu’ici, ça s’entendait essentiellement en spectacle, car elle n’a jamais enregistré ses chansons, sauf quelques-unes dans leurs versions anglaises avec le crooner Matt Dusk sur leur album intitulé Quiet Nights – abréviation de Quiet Nights of Quiet Stars, titre donné à Corcovado en anglais.

Brésil mon amour rassemble certains des titres les plus universellement connus composés par celui qu’on surnomme Tom Jobim : Agua de Beber, Desafinado, Corcovado, Insensatez, So Danço Samba, Chega de Saudade, etc. Des chansons créées ou interprétées il y a plus de 50 ans par des monuments comme Astrud Gilberto, Joao Gilberto, Elizeth Cardoso et bien d’autres. Les refaire encore, c’est se comparer aux plus grands.

L’approche, ici, est économe : les musiques misent principalement sur la guitare du Belge Nicolas Fizsman, dont le passage à Montréal dans le studio de Nick Petrowski a, dit-on, motivé l’enregistrement du disque. Son jeu est exceptionnellement fin, et les quelques notes de piano glissées par Florence K enjolivent avec naturel ces musiques douces et chaudes.

Ce disque de Florence K ne manque pas d’élégance, donc. Il s’avère par contre très prévisible. On n’a pas le sentiment d’avoir accès à une vision personnelle de ces titres mille fois entendus et mille fois repris au cours des 60 dernières années. Les plus beaux morceaux sont ceux où la voix de Florence est plus ronde que gracile (Dindi et Insensatez, notamment), ce qui donne l’impression qu’ils sont plus habités que les autres.

Et c’est bien dommage, mais il faut le dire : le duo entre la chanteuse et sa fille, qui font Aguas de Março en version bilingue (portugais, français), puis en français à la toute fin de l’album, est le titre le moins réussi de l’album. Florence K livre ici un disque d’un romantisme trop enveloppé, parfaitement dans le ton attendu, mais justement trop prudent pour vraiment se démarquer.

Extrait de Dindi

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Brésil mon amour

Bossa-nova

Brésil mon amour

Florence K

Ad Literam / Spectra

6/10