À peine un an après la sortie de son magnifique album orchestral Aubades, le pianiste et compositeur québécois Jean-Michel Blais propose dans Sérénades des versions allégées de cinq de ses pièces, en plus de trois nouvelles.

Ce nouveau EP complètement dépouillé de tout arrangement laisse toute la place à l’interprétation très sensible du pianiste. Mais s’il n’y a rien de mieux pour mettre en évidence une mélodie que de la ramener à sa plus simple expression, l’exercice n’est pas parfait. Si on reconnaît dès les premières notes la sublime Amour par exemple, qui garde son essence, et que des pièces comme Flâneur et Yanni conservent tout leur allant, même sans enrobage, on s’ennuie de l’enveloppe vivante et vibrante de Ouessant et de Murmures, qui semblent manquer de tonus.

Le parti pris minimaliste de Sérénades crée une ambiance en clair-obscur, douce et calme avec un côté low-fi qui saisit l’instantanéité du moment – on entend un plancher qui craque, la respiration du pianiste pendant qu’il joue, un soupir, un sifflement, des voix murmurées.

Dans cette espèce d’exercice de simplicité volontaire où il déconstruit un choral de Bach (117) et inclut une courte impro (Morning), il y a une nouvelle pièce très touchante, La chute, pour la main gauche, que le pianiste a composée après s’être blessé au bras droit. Toute la fragilité humaine tient dans ces trois minutes suspendues, comme quoi les plus grandes émotions n’ont parfois besoin que de quelques notes pour être transmises.

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Sérénades

Musique instrumentale

Sérénades

Jean-Michel Blais

Arts & Crafts

7/10