Après les robes noires qui avaient dominé les Golden Globes en solidarité avec le mouvement MeToo, ce sont les roses blanches qui ont envahi dimanche le tapis rouge pour la cérémonie des Grammys.

De Lady Gaga à Sting, en passant par Khalid ou Cindy Lauper, de nombreuses stars du monde de la musique se sont emparées de ce nouveau symbole de la lutte contre le harcèlement sexuel et pour l'égalité hommes-femmes.

L'idée d'arborer des roses blanches aux Grammys avait été lancée il y a quelques jours à peine par un groupe de musiciennes, inquiètes de voir que le monde de la musique restait relativement apathique face au scandale qui balaie les États-Unis depuis le début de l'affaire Weinstein. Succès assuré.

«Une rose blanche est symbole de respect, marque un nouveau début et exprime un espoir pour l'avenir», a tweeté le mouvement Time's Up, lancé par des centaines de femmes d'Hollywood pour venir en aide aux victimes de harcèlement sexuel. «Ca sonne bien: TIMESUP aux GRAMMYS»

Lady Gaga, qui devait faire un numéro pendant la soirée, portait ainsi des boutons de rose à l'épaule droite et une étiquette Time's Up, le tout fichés sur un ensemble de dentelles noires d'Armani. Sans parler d'une bague en diamant rose qui alimentait les spéculations de certains médias sur de possibles fiançailles avec son petit ami Christian Carino.

Quant à la chanteuse Kelly Clarkson, qui portait elle aussi une rose blanche, elle a souligné que la rose blanche représentait pour elle «espoir et paix, compréhension et résistance».

Pour Cindy Lauper, la rose était aussi symbole d'égalité de salaires entre hommes et femmes.

«Les femmes représentent 51% du monde du travail, il est grand temps qu'elles soient payées pareil», a-t-elle déclaré.

La compositrice de chansons Diane Warren s'est, elle, présentée sur le tapis rouge en gants blancs, avec sur chacun d'eux un mot souligné de rouge: «Femme» d'un côté, «Pouvoir» de l'autre.

Les hommes n'étaient pas en reste. Beaucoup, dont Khalid, Sting ou le présentateur de la cérémonie James Corden, portaient des roses à la boutonnière, rehaussant des vestes allant du jaune moutarde au rose en passant par le rouge pourpre.

«J'espère qu'on va continuer à se battre pour l'égalité pour absolument tout le monde», a déclaré le chanteur britannique de soul Sam Smith, qui devait lui aussi chanter lors de la cérémonie.

Kesha et Janelle Monea imposent le MeToo

 À ceux qui dénonçaient l'apathie de l'industrie musicale face au mouvement MeToo, les chanteuses Janelle Monae et Kesha, auteure d'une chanson accusant un producteur, ont riposté par un puissant démenti dimanche aux Grammys.

«A ceux qui voudraient essayer de nous faire taire, nous offrons deux mots: «c'est fini», a déclaré Janelle Monae, en présentant une prestation de la chanteuse Kesha qui a interprété sa chanson «Praying»: la chanteuse, qui y évoque sa propre bataille contre un producteur qu'elle accuse de l'avoir violée, a déclenché un tonnerre d'applaudissements et même des larmes du public.

«Cela ne se passe pas qu'à Hollywood ou à Washington», a ajouté Monae. «C'est aussi dans notre industrie. Nous avons le pouvoir d'influencer la culture, mais nous avons aussi le pouvoir de défaire une culture si elle ne nous sert pas.»

«Alors travaillons ensemble, femmes et hommes, en tant qu'industrie unifiée, déterminée pour arriver à des ambiances au travail plus sûres, l'égalité de salaires et un accès pour toutes les femmes», a-t-elle conclu.

Kesha n'a remporté aucun Grammy dimanche, même si son album «Rainbow», sur lequel figure «Praying», avait été nommé pour le trophée de Meilleur album pop vocal, décerné au Britannique Ed Sheeran.

«Rainbow» était sorti peu avant les premières révélations d'agressions sexuelles contre le producteur de cinéma Harvey Weinstein et les débuts du mouvement Metoo.

Le producteur qu'elle accuse, Dr. Luke, a toujours démenti les allégations portées contre lui.

Dans le refrain de «Praying», Kesha lui déclare notamment: «Tu m'as fait vivre l'enfer/J'ai dû apprendre à me battre pour moi-même/Nous savions tous les deux toute la vérité que je pouvais dire»

«Tu as failli m'avoir/Tu m'as dit que je n'étais rien sans toi/mais après tout ce que tu as fait, je peux te remercier de m'avoir rendue si forte».

Les déclarations de Janelle Monae et la chanson de Kesha ont été le temps fort du mouvement anti-harcèlement de cette cérémonie des Grammys.

De Lady Gaga à Cindy Lauper en passant par Sting ou Khalid, de nombreux invités et le présentateur de la cérémonie arboraient aussi des roses blanches, en signe de solidarité avec le mouvement anti-harcèlement et pour l'égalité hommes-femmes.