Lorsque les premiers chants ont résonné dans l'église Sainte-Thérèse-d'Avila, où avaient eu lieu hier les funérailles de Patrick Bourgeois, de grosses larmes ont coulé sur les joues de ses trois enfants et de sa femme, Mélanie Savard.

«Cinquante-cinq ans, c'est tellement jeune pour mourir», a mentionné le prêtre de la paroisse, André Couture, aux quelques centaines de personnes rassemblées pour saluer la mémoire du défunt BB.

Parmi les personnalités présentes hier après-midi, il y avait Roch Voisine, Marie Denise Pelletier, Stéphane Rousseau, les membres de Rock et Belles Oreilles, Paul Daraîche, Éric Lapointe, Lulu Hughes, Louise Portal, Sylvain Cossette, Mario Pelchat, Kevin Parent et Martin Deschamps.

Selon les volontés de l'auteur-compositeur-interprète, le public était aussi présent pour rendre un dernier hommage à son idole.

Les témoignages des proches du défunt ont ému l'assemblée.

«Je suis là pour dire un au revoir à mon mari, Patrick Bourgeois. La tristesse de t'avoir perdu ne me fera jamais oublier tout le bonheur de t'avoir connu. Je me trouve privilégiée d'avoir eu la chance de partager ta vie pendant les 17 dernières années», a déclaré Mélanie Savard.

Une de ses filles, Pénélope, avait une toute petite voix lorsqu'elle a pris la parole. «À la fin de ta vie, j'avais peur de ne pas être capable de te dire tout ce que j'avais envie de te dire. Je sentais les journées défiler entre nous. Je savais très bien que je n'y arriverais pas. Ce n'était pas naturel pour toi et moi de se parler comme ça. J'ai vite compris que nous n'étions pas obligés de nous le dire. Ce qui était naturel entre nous était dans l'invisible. Nous nous ressentions. Je n'aurai jamais de regrets d'avoir gardé les mots pour moi, parce que nous nous sommes compris à travers l'amour et la complicité. Tu m'as entendue, je t'ai entendu. Nous l'avons fait à notre manière», a dit la femme de 27 ans.

Quant à Ludovick, il a surtout utilisé l'humour pour rendre hommage à son père. Le gagnant de La voix 5 a notamment parlé des spectacles qu'il a donnés avec lui, l'été dernier.

«Tu voulais tout le temps que nous couchions dans les mêmes chambres d'hôtel, et je t'en suis extrêmement reconnaissant aujourd'hui parce que ces images-là vont rester gravées à jamais dans ma tête. Je pense à cette anecdote... quand tu m'as réveillé en pleine nuit, à Chicoutimi, parce que tu avais échappé ton pot de pilules en arrière de ton lit. Tu m'as réveillé en me disant: "C'est l'heure de la morphine, tabarn..."», a dit le jeune homme de 24 ans en s'excusant auprès du prêtre d'avoir sacré. En souriant, ce dernier a fait un signe de croix, ce qui a fait rire de bon coeur les gens rassemblés.

Les BB

Les funérailles du chanteur des BB se sont conclues avec l'interprétation de Tu ne sauras jamais au piano par Alain Lapointe, un des membres du groupe. En choeur, les gens ont chanté les paroles de cette célèbre chanson.

Très ému, le batteur de la formation, François Jean, a fait une longue accolade à son ami lorsque celui-ci est descendu du choeur, sous les cris et les applaudissements de la foule.

«Ouf! il manquait mon chanteur», a dit Alain Lapointe, en entrevue, après les funérailles. Le musicien a ajouté qu'il était extrêmement fatigué depuis la mort de Patrick Bourgeois puisqu'il n'arrive pas à bien dormir.

«Il m'appelait tous les jours, dans les derniers mois. Il m'écrivait des blagues par texto. Et j'allais le voir à l'hôpital. Il était encore fou et drôle, tellement drôle. Il avait encore plein de projets... Maudit qu'il va me manquer. Je viens de perdre mon frère.»

Également en entrevue à La Presse, François Jean a confié qu'il regrettait de ne pas avoir eu le temps de se réconcilier avec son «frère» avant son décès.

«Ça ne s'est pas terminé comme nous l'aurions voulu. Il est encore arrivé une petite chicane, comme ça nous arrivait souvent. Comme des frères, nous nous réconcilions tout le temps. On ne restait pas en guerre longtemps. Il avait accepté de me revoir, mais nous n'avons pas eu le temps», a-t-il dit, la larme à l'oeil.

Sans exception, ils ont tous parlé du grand sens de l'humour de Patrick Bourgeois. C'est d'ailleurs sur une note humoristique que Ludovick Bourgeois a terminé son discours: «À voir tous les gens ici, je dois te dire que tu avais raison: you're a fu***ng legend ! Je t'aime, Pops!»