Après une pause qui aura duré 25 ans, UZEB est de retour. Le trio québécois qui a promené son jazz-rock dans une vingtaine de pays dans les années 80 repartira en tournée à l'été 2017.

UZEB donnera le premier concert de sa tournée R3UNION à la salle Wilfrid-Pelletier, le 29 juin, dans le cadre du Festival international de jazz de Montréal. Les billets seront mis en vente demain. Or, c'est justement au Festival de jazz, dans le cadre du Grand Événement, rue Sainte-Catherine, que le guitariste Michel Cusson, le bassiste Alain Caron et le batteur Paul Brochu sont montés sur scène ensemble pour la dernière fois, le 7 juillet 1992.

UZEB aura également rendez-vous avec ses fans français à la salle Pleyel de Paris, le 2 juillet prochain. D'autres dates s'ajouteront progressivement, mais le concert à Wilfrid-Pelletier sera le seul au Québec, nous assure le Festival de jazz.

Cusson, Caron et Brochu ont gardé le contact au fil des ans, et l'idée de retrouvailles d'UZEB a été lancée il y a quelques années lors d'un souper entre amis. Ils se sont finalement réunis pour répéter l'été dernier.

«Vingt-cinq ans, c'est long, et on s'est dit que si on voulait faire un retour, c'était le temps», a dit Caron au cours d'une conférence téléphonique. 

«On est tous en forme, et ça va être le fun de rejouer cette musique-là et de reconnecter avec le public qui nous est resté fidèle de façon incroyable. Tous les jours depuis 25 ans, les gens nous demandent si on va revenir, et pour nous, c'était maintenant ou jamais.»

Quand le groupe a confirmé son retour, sans plus de précisions, sur Facebook il y a deux semaines, cette annonce a été vue par près de 1 million de personnes en moins de 48 heures, ajoute Michel Cusson.

La séparation

Après l'ultime concert de juillet 1992, les trois UZEB ont eu le goût d'aller voir ailleurs, explique Cusson: «On n'a pas fait d'annonce officielle, on ne voulait pas dramatiser. On s'est séparés discrètement parce qu'on avait d'autres choses à vivre. Il y a bien eu quelques différends, mais ça arrive dans tous les groupes, comme dans les couples, je pense.»

«Lors de notre dernière tournée, on a donné 100 concerts, rappelle Caron. Quand tu vis avec du monde pendant autant de temps, évidemment, il y a des frictions. On avait chacun nos forces, mais UZEB, c'était quand même un groupe, et un groupe, c'est le résultat de compromis. J'avais envie, Michel et Paul aussi, d'écrire ma musique et de la diriger à ma façon. Finalement, ç'a duré 25 ans, mais ce fut pour chacun de nous une excellente décision, parce qu'on a pu se réaliser parfaitement.»

Depuis l'été dernier, UZEB s'amuse à réapprivoiser sa musique et à la réarranger à l'occasion.

«On a choisi des morceaux qui ont bien vieilli, qui ont encore quelque chose de frais et qu'on peut adapter au son d'aujourd'hui, explique Caron. Mais c'est sûr qu'on tient à ce que les gens reconnaissent UZEB, avec nos qualités et nos forces. On va présenter du UZEB d'aujourd'hui.»

«Oui, il y a un cadre UZEB et on va respecter ça, renchérit Cusson. Notre force, c'est nous trois ensemble. Évidemment, on arrive avec chacun notre expérience, mais on fouille et on trouve des affaires nouvelles. Je ne parle pas pour Alain et Paul, que ça affecte moins, mais moi, il y a des sons que je produisais dont je suis moins content. Je rafraîchis tout ça avec l'aide de la technologie, qui a évolué de façon extraordinaire. À l'époque, je dirais presque qu'il fallait mettre de l'huile dans les machines alors qu'aujourd'hui, c'est complètement numérisé. C'est 100 fois mieux. Je ne dis pas que ça va être 100 fois mieux en spectacle, mais ça nous permet une créativité extraordinaire.»

Pour l'instant, il n'est pas question qu'UZEB enregistre un album, mais il n'est pas exclu qu'on entende une ou deux nouvelles compositions à Wilfrid-Pelletier. Il se pourrait également que le trio ait ce soir-là des invités spéciaux - le trompettiste Tiger Okoshi, le violoniste Didier Lockwood et les ex-UZEB Jean St-Jacques et Michel Cyr étaient de leur dernier spectacle en 1992 -, mais ils tiennent à nous en réserver la surprise.

«On a chacun nos carrières qui nous accaparent, et il nous a fallu tellement de temps avant d'être reconnus en tant que Michel Cusson, Alain Caron et Paul Brochu, et non pas comme UZEB, qu'on n'est pas prêts à mettre ça de côté, explique Caron. On s'est donné comme objectif de refaire des shows l'été prochain, et on verra comment ça se passe et si on a le goût de continuer ou pas. Pour le moment, il n'y a rien de prévu après l'été 2017.»

PHOTO FOURNIE PAR DISTRIBUTION FUSION 3

UZEB, en 1991. L'année suivante, le groupe se séparait. Le voici de retour après une pause qui aura duré 25 ans.