Courtney Barnett a laissé tomber en février un travail de serveuse de bar à Melbourne. Désormais invitée dans des festivals à travers la planète, comme cette semaine aux Trans Musicales de Rennes, en France, la rockeuse australienne n'a plus besoin de pourboires.

En quelques mois à peine, l'Australienne armée de sa guitare plutôt rock a séduit un public de plus en plus nombreux avec ses chansons épicées - des observations à la fois drôles et mélancoliques de la vie quotidienne déclamées avec une voix vive mais assez traînante - sans même avoir encore sorti d'album complet à proprement parler.

«C'est incroyable comme les choses fonctionnent. On parle de vous dans quelques magazines et alors les gens vous aiment», dit-elle d'un ton pince-sans-rire, à l'occasion d'un entretien accordé à l'AFP mi-octobre, avant un concert à New York.

«Mais c'est bien de voir que tant de gens s'y reconnaissent», ajoute Courtney Barnett, qui sera jeudi l'une des attractions des Trans Musicales, le festival spécialisé dans les découvertes qui se tient de mercredi à dimanche à Rennes, en Bretagne.

Alors qu'elle tournait dans de petites salles chez elle, l'Australienne avait été repérée par des radios universitaires américaines puis l'an dernier lors du CMJ Music Marathon, un événement annuel à New York où se pressent des centaines de jeunes artistes et groupes en quête de visibilité.

Courtney Barnett a notamment séduit la critique par ses textes, où la jeune femme de 26 ans, fille d'une danseuse de ballet et d'un graphiste, manie à la fois l'autodérision et le franc-parler.

Dans Avant Gardener, sa chanson la plus connue parue dans un second mini-album en 2013, l'Australienne se pose une question assez futile - Dois-je aller faire du jardinage? - en s'amusant avec une guitare «slide» rêveuse et en chantant d'une voix rauque voire «pâteuse» qui renforce l'idée qu'elle vient tout juste de se réveiller.

«Artiste à plein temps»

Courtney Barnett est parfois présentée comme une descendante du «slacker rock», ce «rock paresseux» inspiré notamment de Nirvana et de la scène grunge de Seattle dans les années 90, même si son attitude tient sans doute davantage de l'ironie.

Mais l'Australienne l'annonce: les chansons de son album à venir, prendront une direction un peu plus sombre. Cet album, déjà enregistré et promis pour 2015, sera techniquement le premier de l'ex-serveuse de bar qui n'a, à ce jour, publié que ses deux mini-albums réunis ensuite dans un seul disque.

«Certaines chansons (de l'album à venir) sont plus lourdes étant donné que nous avons grandi en tant que groupe», explique-t-elle, parlant un peu comme elle chante, sur un ton assez monocorde.

«Il y avait des chansons que j'avais écrites dans ma chambre, et puis apprises aux gens qui les jouent. Celles-ci, je les ai plutôt écrites et partagées avec le groupe», ajoute-t-elle.

Pour les textes, «c'est toujours un peu la même chose, parler des choses qui arrivent», dit-elle en souriant. «Certains d'entre eux peuvent être en partie plus sombres», ajoute-t-elle, en laissant aussi entendre que son travail pourrait être un peu plus engagé politiquement.

Celle qui n'avait jamais quitté l'Australie avant l'an dernier, vit depuis la mi-novembre sa première grande tournée en Europe après les États-Unis.

Après les Pays-Bas, l'Allemagne et la Suisse, elle fait plusieurs étapes françaises cette semaine avec des passages à Lyon ce mardi et Bordeaux ce mercredi avant les Trans Musicales jeudi pour une soirée féminine aux côtés de la rappeuse britannique Kate Tempest.

«J'ai travaillé beaucoup et j'ai souvent été au chômage dans ma vie. Je déteste travailler pour les autres, j'aime travailler pour moi», souligne Courtney Barnett. «Je ne sais pas combien de temps cela va durer mais c'est cool de pouvoir être une artiste à plein temps».