«On tire à gauche cette année à l'ADISQ, et c'est l'fun», a dit à La Presse Fred Pellerin, alors que le gala était à mi-chemin. «Le virage de ce qui se passe ici... c'est parti pour une belle virée.»

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Avec des prix remportés par Coeur de pirate, Richard Desjardins, Vincent Vallières, Avec pas d'casque, et Lisa LeBlanc, Fred Pellerin avait bien raison d'affirmer que ce sont des auteurs-compositeurs-interprètes reconnus pour leurs fortes signature musicale et intégrité artistique qui ont brillé lors du 34e gala de l'ADISQ, dimanche soir.

Grande favorite, Coeur de pirate a remporté les Félix de l'interprète de l'année et du meilleur album pop, qui se sont ajoutés à celui qu'elle a remporté à l'Autre Gala de l'ADISQ comme artiste s'étant le plus illustré hors Québec. «Je trouve ça cool qui a beaucoup de filles en nomination», a-t-elle souligné en coulisse. Quant à sa toute nouvelle vie de mère, elle a lancé : «Je suis épuisée, mais épanouie.»

Richard Desjardins a remporté deux prix Félix, soit spectacle de l'année (auteur-compositeur) et meilleur album adulte contemporain pour L'Existoire. Ce dernier était présent pour recueillir ses trophées. «A-t-il fait une feinte de le lancer ?» a dit à la blague Louis-José Houde en rappelant la controverse du «lancer du trophée» de l'ancien animateur Guy A. Lepage au gala de 2004 .

Pour reprendre ses mots, Desjardins a plutôt «pitché» ses prix à son grand complice et guitariste Claude Fradette.

Le groupe Avec pas d'casque a ajouté le prix de l'auteur ou compositeur de l'année à celui du prix de la critique gagné lundi dernier pour son album Astronomie. «Il doit y avoir bien du monde qui se dise : c'est qui ça ?» a lancé le parolier et cinéaste Stéphane Lafleur, à la fois surpris et reconnaissant de remonter sur la scène du théâtre Saint-Denis pour aller chercher un prix.

Sans surprise, c'est Lisa LeBlanc qui a été sacrée révélation de l'année. Quant à Marie-Pierre Arthur et Isabelle Boulay, elles sont reparties avec l'honneur d'avoir été nommée cinq fois.

De son côté, la bande de 12 Hommes rapaillés a ajouté un autre Félix à sa collection dans la catégorie du meilleur spectacle dans la catégorie interprète. «Ça démontre que la poésie est accessible et que les Québécois l'aiment», a dit Martin Léon, qui était aux côtés de Vincent Vallières, Louis-Jean Cormier, Yann Perreau et Gilles Bélanger, chef d'orchestre du projet articulé autour de l'oeuvre du poète Gaston Miron.

Fort surpris de remporter le prix de l'album folk de l'année, Fred Pellerin a aussi rendu hommage à «la poésie et l'artisanat». «C'est très flattant dans le sens des aiguilles du disque», a-t-il dit. «Peut-être que depuis que les disques se vendent moins, les gens font des chansons pour les vraies raisons», a ajouté en coulisse son comparse et réalisateur Jeannot Bournival.

Cette année, le songwriting était même à l'honneur dans les catégories dont le vote était populaire. Le public a choisi Coeur de pirate et Vincent Vallières comme interprètes de l'année.

En coulisse régnaient un esprit de troupe et une grande fierté commune parmi les gagnants de voir l'ADISQ récompenser des univers musicaux dont l'intégrité artistique domine le succès commercial. «Ça démontre que les Québécois ont soif de qualité et de projets porteurs de sens», nous a dit Vincent Vallières. Ce dernier a repris les paroles de Fred Pellerin : «Tu fais ce que t'aimes du mieux que tu peux.»

«C'est notre sixième album et on a fait une musique qui nous ressemble. Qui nous aime nous suive», a ajouté en coulisse Stéphane Archambault. C'est justement grâce au public que son groupe Mes Aïeux a remporté le Félix du groupe de l'année, et que Marie-Mai (absente, car elle se trouve en France) est repartie avec celui de la chanson de l'année pour Sans cri ni haine (adaptation française d'une pièce de la chanteuse suédoise Robyn).

Par rapport aux derniers galas de l'ADISQ, l'écart s'est nettement rétréci entre les gagnants issus des trois différentes formes de scrutin, soit vote populaire, celui des membres de l'Académie et celui des jurys spécialisés. Dans les dernières années, cela avait donné lieu à des surprises, voire des incongruités, aux yeux de certains.

L'ADISQ a par ailleurs remanié certaines catégories en retranchant la catégorie du meilleur album pop-rock pour ajouter celle du meilleur album adulte contemporain.

Louis-José Houde: le seul et unique

À l'image des gagnants, le début du gala, qui avait lieu au théâtre Saint-Denis, mettait aussi en vedette la garde actuelle des auteurs-compositeurs du Québec avec Olivier Langevin, Vincent Vallières, Ariane Moffatt et Marie-Pierre Arthur.

Louis-José Houde a ensuite servi avec un numéro d'ouverture comique sur la nostalgie du format du CD, sur le regret de voir aujourd'hui des gens filmer des spectacles au lieu d'en profiter et sur les spécimens de foule pendant un concert, dont la «grano artisanale» se nommant «Sortilège».

Tout au long de la cérémonie, il y est allé d'anecdotes justes et comiques sur tout ce qui entoure la musique : les chauffeurs de taxi qui ne connaissent jamais les gros noms en spectacle au Centre Bell et la mention «photos et caméras interdites» désuète sur les billets de spectacle. Hilarant !

Il sera dur à remplacer à l'animation du Gala de l'ADISQ, ce Louis-José Houde. Rarement a-t-on vu un animateur de gala faire autant l'unanimité au Québec.

Liste des gagnants:

Album de l'année - Folk: C'est un monde, Fred Pellerin

Album de l'année - Pop: Blonde, Coeur de pirate

Album de l'année - Adulte contemporain: L'existoire, Richard Desjardins

Interprète féminine de l'année: Coeur de pirate

Interprète masculin de l'année: Vincent Vallières

Groupe de l'année: Mes Aïeux

Chanson populaire de l'année: Sans cri ni haine, Marie-Mai

Révélation de l'année: Lisa LeBlanc

Auteur ou compositeur de l'année: Stéphane Lafleur, Avec pas d'casque

Spectacle de l'année - Auteur-compositeur-interprète: L'existoire, Richard Desjardins

Spectacle de l'année - Interprète: Douze hommes rapaillés (deuxième édition), Artistes variés

Hommage: Renée Martel