C'est un groupe de musiciens étoiles, composé de Britt Daniel (Spoon), de l'ex-Montréalais Dan Boeckner (disponible depuis la fin de Handsome Furs et Wolf Parade) et du batteur Sam Brown (The New Bomb Turks). Et avec son premier album, Divine Fits prouve qu'il porte bien son nom.

Dan Boeckner se dit chanceux d'avoir rencontré Britt Daniel, pour des raisons musicales, mais surtout personnelles, voire de survie.

Le musicien qui a fait rayonner Montréal avec Wolf Parade ignorait que sa vie allait être bousculée quand le chanteur de Spoon lui a lancé l'idée de réunir leurs plumes musicales. «J'étais en train de terminer l'enregistrement de l'album Sound Kapital d'Handsome Furs à Portland. Britt et moi sommes allés prendre des drinks et il m'a dit qu'on devrait former un groupe rock.»

Quelque mois plus tard, il a insisté au téléphone: «Let's do it now».

Entre-temps, Boeckner avait vécu des deuils: lui et ses anciens camarades de Wolf Parade avaient décidé de se séparer, alors que l'épouse de Boecker, la sulfureuse Alexei, écrivait avec le «coeur gros» sur le site web d'Handsome Furs que le duo n'était plus. Disons que ceci expliquait cela, et que Divine Fits tombait pile pour «sauver» Boeckner. «Britt et moi avons écrit toutes les chansons ensemble. Nous avons été colocs pendant cinq mois. Je vivais des moments difficiles à cette époque et si je n'avais eu personne de solide à côté de moi, je ne sais pas où je serais. C'était presque une question de vie ou de mort.»

Est-ce que cela explique pourquoi Divine Fits reprend la pièce Shivers, du groupe de Nick Cave The Boys Next Door? Les paroles vont ainsi: I've been contemplating suicide / But it really doesn't suit my style.

«Oui, quelle coïncidence, mais je n'aurais jamais pu écrire cette chanson-là, répond Boeckner. Les gens ne savent pas que c'est Rowland S. Howard qui l'a écrite quand il avait 15 ans. Le texte est tellement direct.»

En studio avec Nick Launey

Boeckner et Daniel ont tous deux une signature musicale forte et unique. Mais de décider qui allait chanter chaque titre s'est fait de façon naturelle et spontanée. Même chose pour les arrangements. L'un arrivait avec une ligne mélodique et l'autre proposait l'instrumentation.

«Britt est bon dans l'editing. Avec Wolf Parade, c'était l'inverse: on ajoutait toujours des couches. De travailler avec lui a été un défi, car je devais revenir à l'essentiel de ce que j'écris. Et il a peu travaillé avec des synthétiseurs, donc j'ai apporté ce côté-là», raconte Dan Boeckner.

En studio, Divine Fits a travaillé avec le réalisateur Nick Launey, qui a collaboré avec les Yeah Yeah Yeahs, Nick Cave et Arcade Fire. «C'est Win Butler que je dois remercier. Nous prenions des drinks un soir au Sparrow et il est l'une des premières personnes à qui j'ai parlé du groupe. Je lui ai dit que je cherchais un réalisateur et il m'a dit que je devais travailler avec Nick.»

Orange Julep

«Oui, je m'ennuie des saisons (...) mais je suis heureux à Los Angeles», répond Boeckner, quand on lui demande si Montréal lui manque.

Quand Divine Fits a joué à Montréal au Il Motore, le 3 août dernier, premier jour du festival Osheaga, Boeckner a amené ses deux potes dans une virée typiquement montréalaise: le restaurant syrien Kaza Maza sur l'avenue du Parc, quelques verres à l'Idée Fixe et une virée chez Orange Julep, que Boeckner surnomme «Big Orange».

Consolez-vous: Divine Fits reviendra en spectacle à Montréal, mais pas avant le printemps. Un deuxième album est dans les plans.

Et... Wolf Parade? «Je ne nous vois pas revenir dans le futur.»

Longue vie à Divine Fits, donc.