Elle sera ce soir sur la scène des Victoires de la musique au Palais des Congrès de Paris, en lice pour les titres Révélation du public et Vidéoclip de l'année pour le populaire French Cancan. Inna Modja sera ensuite de passage à Montréal, le 11 mars, afin de participer à Star Académie, un premier rendez-vous avec le Québec où elle promet de revenir en concert un peu plus tard cette année. Retour sur la fabuleuse ascension de la chanteuse de 27 ans, de Bamako à Paris.

Originaire du Mali, Inna Modja a grandi entre le Ghana et le Nigeria, deux pays anglophones, tout en parlant français à la maison. Dans Love Revolution, son deuxième album paru en novembre dernier, la chanteuse a naturellement choisi de s'exprimer dans les deux langues.

«Ça sera ma première fois au Canada et je suis très excitée! On est en pourparlers avec divers promoteurs pour des concerts à Montréal. Malheureusement, les Francofolies ne m'inviteront pas, car le projet n'est pas assez francophone pour eux. J'ai été très déçue de l'apprendre; pourtant, je chante également en français et je suis francophone. Je ne désespère pas, ils changeront peut-être d'avis», espère la jeune chanteuse Inna Modja.

Rencontre avec Salif Keita

À 15 ans, la jeune femme décide de prendre en main son destin et de cogner à la porte de nul autre que Salif Keita.

«Il m'a demandé de chanter et il m'a prise plus au sérieux. Puis, il m'a référée au Super Rail Band, le célèbre orchestre de Bamako. Je suis restée avec eux pendant un an», explique la chanteuse.

Sixième d'une famille de sept enfants, elle débarque à Paris à 18 ans pour poursuivre des études de lettres et de langues, puis faire une école de commerce, tout en étant mannequin pour payer ses études.

«J'ai commencé à travailler dans l'ombre en écrivant pour des artistes. Quand je me suis sentie prête, j'ai commencé à faire des maquettes de chansons. Grâce au bouche à oreille, j'ai été approchée par des maisons de disques et j'ai signé avec Warner Music. Ma seule condition, c'était de pouvoir faire ma musique comme je le voulais, qu'on n'essaie pas de me «formater»», précise-t-elle.

De son vrai nom Inna Bocoum, la chanteuse adopte rapidement «Modja» (petite peste) comme nom de scène. «Comme ma mère était une des dernières réfractaires à ce que je me lance dans la musique, j'ai utilisé le surnom qu'elle me donnait pour lui dire: «Tu vois, je suis une mauvaise fille et je vais faire ce que tu ne veux pas que je fasse»», raconte-t-elle.

L'auteure, compositrice et interprète n'est pas allée au conservatoire. Autodidacte, elle a appris la musique à l'oreille. Inna Modja s'est fait connaître en Europe avec Love Revolution. French Cancan et La fille du Lido qui l'ont aussi révélée au Québec. Mais ce n'est qu'un aspect de cette artiste aux multiples facettes.

Introspection

«Pour l'instant, les gens qui ne me connaissent pas découvrent mon côté plutôt enjoué avec ces deux extraits, mais il y a aussi des chansons plus introspectives comme Spirit ou Emily sur l'album. J'ai dû gérer des choses très difficiles dans ma vie qui font de moi quelqu'un d'intérieurement très complexe», dit-elle.

Excisée à l'âge de 4 ans à l'insu de ses parents, Inna Modja est également marraine de Tostan, une organisation qui veille à l'amélioration de la condition féminine en Afrique. «Quand j'ai été opérée, je me suis également réparée psychologiquement. J'ai ensuite accueilli de jeunes femmes qui ont vécu la même chose que moi pendant plusieurs années, mais je revivais encore et encore la même chose à travers elles. J'ai donc décidé de m'engager en étant plus solide et Tostan m'a permis de le faire», conclut-elle.